Le rassemblement «Rage Against the War Machine»: Un spectacle politique dégradant

Le 19 février, des partisans du Parti libertarien, des éléments désorientés de la classe moyenne et des fascistes purs et durs se sont réunis à Washington DC pour le rassemblement «Rage Against the War Machine».

[Photo: People's Party]

Nick Brana du People’s Party (à gauche, chapeau tricoté) sur la scène du rassemblement «Rage Against the War Machine». À droite de Brana, Jackson Hinkle (lunettes de soleil) et Angela McArdle, présidente du Parti libertarien. Derrière McArdle, avec la casquette de baseball et la bouteille d’eau, se trouvent Jason Page, un associé des Oath Keepers, et Stewart Rhodes. [Photo: People’s Party]

Le rassemblement, animé par Angela McArdle du Parti libertarien et Nick Brana du People’s Party, avait été présenté comme une opportunité par les organisateurs et les intervenants de «rassembler» la «gauche et la droite» pour s’opposer à la guerre. En fait, comme il n’y avait aucune perspective véritablement de gauche, la direction politique a été fournie entièrement par la droite.

Même en soi, l’événement a été plus ou moins un fiasco, avec une participation de 750 à 1.000 personnes tout au plus, malgré sa promotion sur Fox News et d’autres médias de droite.

Le groupe d’intervenants ne pouvait être décrit que comme un musée politique des horreurs. Il y avait trois intervenants de premier plan issus d’organisations affiliées au fasciste et antisémite décédé, Lyndon LaRouche, y compris sa femme, Helga Zepp-LaRouche. On a également offert une plateforme à Jackson Hinkle, un partisan fasciste du «communisme MAGA», et à Jordan Page, qui a écrit l’hymne des Oath Keepers. Page a fait un interlude «musical» prolongé avec la partisane d’extrême droite anti-vaccin et enthousiaste du «bitcoin», Tatiana Moroz.

Jackson Hinkle parle avec un participant au rassemblement «Rage Against the War Machine»

Le Parti libertarien a fourni la principale ligne politique du rassemblement, réservant les discours finaux à des candidats comme le libertarien Ron Paul, qui a pris la parole vers la fin (et sur lequel nous reviendrons). McArdle et le «Mises Caucus» dont elle est membre sont étroitement associés aux efforts des libertariens pour s’orienter vers les milices d’extrême droite.

Une odeur distincte d’antisémitisme imprégnait le rassemblement. Un intervenant, après la marche vers la Maison-Blanche, a déclaré que le conflit était «une guerre sioniste contre le peuple slave». McArdle, qui a fait la promotion du rassemblement la semaine dernière sur Infowars, dirigé par le conspirationniste fasciste Alex Jones, avait elle-même invité et défendu des intervenants antisémites lors d’événements du Parti libertarien.

L’ensemble du rassemblement a été conçu pour le niveau politique, intellectuel et culturel le plus bas, offrant de nombreux jurons. Aucune des personnes présentes n’a pu apprendre quoi que ce soit sur la nature, le contexte et l’évolution de la guerre, et encore moins sur la manière de la combattre.

Le journaliste et auteur pacifiste, Chris Hedges, a prononcé l’un des discours d’ouverture, qui consistait en un sermon moralisateur destiné à fournir une bénédiction aux intervenants qui suivraient. Hedges, ainsi que Max Blumenthal de Grayzone, Jill Stein du Parti vert, l’humoriste Jimmy Dore et quelques autres étaient là pour donner un lustre «de gauche» à la coalition «gauche-droite» et légitimer l’extrême droite.

Mais ce n’est pas seulement que ces individus se sont adaptés à l’extrême droite. Ils étaient parfaitement à l’aise. Pas un seul d’entre eux n’a cherché à se dissocier des fascistes participants, et encore moins à les dénoncer. À cet égard, il convient de mentionner tout particulièrement Stein, qui a pris la parole directement après que Hinkle ait été autorisé à prononcer une diatribe autopromotionnelle et démagogique.

Dans leur promotion de l’unité de la «gauche» et de la «droite», les prétendus représentants de la «gauche» ont effacé toutes les distinctions de classe. Dans leur langage, ils faisaient largement écho à la démagogie de la droite.

À cet égard, la performance de Dore, truffée de blasphèmes, est particulièrement significative. Dore, qui a réagi au coup d’État du 6 janvier en faisant la promotion des Boogaloo Bois fascistes, a passé une grande partie de son discours à dénoncer le World Socialist Web Site, sans le nommer directement, pour avoir démasqué le caractère de droite du rassemblement.

Dore a avancé la position de l’extrême droite sur la pandémie de COVID-19, dénonçant les mesures de santé publique et les vaccins. À un moment donné, il a déclaré qu’«ils» veulent que je «déteste mon voisin pour la douleur que je ressens à cause de cela parce qu’ils n’ont pas voulu prendre un vaccin qui n’a pas fonctionné comme ils l’ont dit au départ». Il a «plaisanté» plus tard: «Vous pouvez bien vous mettre ces doses de rappel où je pense!»

À un moment donné, Dore a bizarrement demandé: «Pourquoi envoyons-nous cet argent aux nazis en Ukraine alors que nous pourrions financer des nazis ici en Amérique qui ne sont pas capables de s’acheter des œufs?»

Le soutien à la politique d’infection massive de la classe dirigeante, promue de manière plus agressive par l’extrême droite, mais adoptée en substance par l’administration Biden, était présent tout au long du rassemblement. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé le «complexe médical industriel» et minimisé la gravité de la pandémie de COVID-19, qui a tué plus de 1,14 million de personnes rien qu’aux États-Unis.

Pour donner une idée des perspectives politiques des participants au rassemblement, les acclamations les plus fortes ont été celles de Dore et de Ron Paul, y compris celles de nombreux participants qui ont applaudi les deux.

Dans la mesure où une perspective politique existait, elle a été fournie par Paul, l’ancien membre du Congrès du Texas. Dans son discours d’ouverture, Paul a faussement prétendu qu’en éliminant la Réserve fédérale, le gouvernement américain serait obligé de payer ses dettes et ne pourrait donc pas financer les dépenses militaires.

En réalité, le programme d’austérité et d’élimination de la dette de Paul, s’il était mis en pratique, entraînerait la destruction de tous les programmes de protection sociale aux États-Unis, ce qui est en fait l’objectif des sections les plus à droite de la classe dirigeante et le programme du Parti libertarien.

Paul a terminé son discours par un appel à la levée de toutes les «réglementations», c’est-à-dire les restrictions à l’exploitation qu’exercent les entreprises, qui «mettent le pays en faillite».

Des individus liés au rassemblement «Unite the Right» de 2017 à Charlottesville, en Virginie, et des éléments ayant participé au coup d’État manqué de l’ancien président Donald Trump étaient présents.

La journaliste locale Molly Conger a photographié Matthew Heimbach, le principal néonazi qui a aidé à organiser le rassemblement de 2017 à Charlottesville. Dans un podcast qui précédait le rassemblement «Unite the Right», Heimbach avait appelé à l’extermination du «juif international et du juif local, je me fiche qu’il dirige un put*** de magasin de bagels, il faut s’en débarrasser».

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Conger a également photographié le Proud Boy Randy Ireland qui portait une chemise avec la phrase «Justice 4 J6», une référence au petit nombre d’individus qui ont été emprisonnés pour avoir participé au coup d’État manqué de Trump.

La plus grande fraude de toutes était peut-être que le rassemblement était un événement «anti-guerre». Quelles que soient les dénonciations du «complexe militaro-industriel» et de la «machine de guerre», le principal impact du rassemblement a été de légitimer politiquement et d’élever les forces d’extrême droite dont se servent des sections de la classe dirigeante elle-même.

Comme l’a écrit le World Socialist Web Site la semaine dernière:

En dernière analyse, la pseudo-opposition de la droite à la guerre représente un différend au sein de la classe dirigeante sur certains aspects de la politique étrangère. Sur Internet, on ne manque pas d’ex-militaires, aux vues entièrement fascistes, qui pensent que la guerre actuelle en Ukraine est une distraction par rapport à d’autres problèmes urgents auxquels la classe dirigeante américaine est confrontée, tels que le renvoi impitoyable des immigrants sans papiers des États-Unis et les préparatifs d’une future guerre avec la Chine.

Le rôle du rassemblement «Rage Against the War Machine» n’est pas de développer un mouvement contre la guerre impérialiste, mais de confondre et de désorienter les jeunes.

Le rassemblement lui-même a plus que confirmé cette évaluation.

(Article paru en anglais le 20 février 2023)

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