Le président français Emmanuel Macron a déclenché une crise politique en faisant passer en force ses coupes profondes dans les retraites, face à une opposition populaire écrasante. Il a prétendu à tort qu’il n’existait pas d’argent pour les retraites. Cependant, avec son appel à construire une « économie de guerre » européenne, il est de plus en plus évident que les réductions des retraites de Macron visent à financer un détournement massif des ressources des travailleurs et des retraités vers la machine militaire en vue d’une guerre mondiale qui se prépare dans le dos du peuple.
La semaine dernière, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a présenté au Conseil des ministres la loi de programmation militaire (LPM) pour 2024-2030. Le budget des forces armées augmenterait de 3,1 milliards d’euros en 2024, puis de 3 milliards d’euros par an de 2025 à 2027. Il devrait augmenter de 4 milliards d’euros par an à partir de 2028. Comme l’a annoncé Macron en janvier, la future LPM porte le budget total des forces armées à 413 milliards d’euros sur sept ans. Le budget militaire atteindrait 69 milliards d’euros en 2030, contre 32 milliards d’euros en 2017.
Cinq milliards d’euros seraient investis dans les drones, 49 milliards d’euros dans l’entretien du matériel, 5 milliards dans le renseignement et le contre-espionnage, 13 milliards pour les opérations extérieures, et 16 milliards pour la constitution de stocks de munitions. Macron souhaite également consacrer environ 6 milliards et 4 milliards d’euros au développement de la guerre spatiale et de la cyberguerre, respectivement.
Le ministère français de la Défense déclare ouvertement qu’il se prépare à une guerre à grande échelle qui entraînerait des pertes massives. Il déclare que «la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 permettra d’adapter les capacités de nos armées à faire face à un engagement majeur et à la haute intensité. Il va de la modernisation des matériels à l’économie de guerre ».
L’armée de terre recevra davantage de véhicules blindés Scorpion et d’artillerie lourde Caesar, ainsi que plusieurs types d’hélicoptères. L’armée de l’air et de l’espace continuera d’acheter davantage d’avions-Rafale et renforcera également sa flotte de transport stratégique.
La LPM prévoit également la construction d’un nouveau porte-avions pour remplacer l’actuelle Charles-de-Gaulle. Lecornu a déclaré au Parisien : « C’est une cathédrale de technologie et de compétences humaines de 75 000 tonnes : une usine sur l’eau bourrée de vapeur, d’électronique, de nucléaire. Un petit aéroport sur l’eau de 2.000 marins, avec des avions de chasse, tout cela assis sur deux mini-centrales nucléaires ! Il n’y a plus que deux pays au monde qui savent construire et mettre en œuvre des porte-avions nucléaires : les Américains et nous ».
Près de 60 pour cent du budget militaire de 413 milliards d’euros seraient consacrés à la modernisation de l’arsenal nucléaire français : mise à jour des ogives et des missiles, ainsi que des avions-Rafale et des sous-marins pour les lancer.
Cette augmentation du budget militaire est directement liée à la guerre que Washington et ses alliés européens mènent contre la Russie en Ukraine. Depuis le début de la guerre entre l’OTAN et la Russie l’année dernière, les puissances de l’OTAN ont lancé des milliards d’euros et des quantités massives d’armes et de munitions dans la guerre, ils envoient des chars et des avions de chasse pour soutenir le régime de droite du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
À ce jour, la France a fourni à l’armée ukrainienne des obusiers Caesar montés sur camion et des milliers d’obus, des dizaines de missiles antichars MILAN, des chars légers AMX-10 RC, et des systèmes de roquettes à lanceurs multiples et des équipements de défense aérienne pour lutter contre la Russie. En novembre dernier, Macron a annoncé la création d’un « fonds spécial de 100 millions d’euros ». C’était pour permettre Kiev « d’acheter directement, auprès de nos industriels, le matériel dont elle a le plus besoin pour soutenir son effort de guerre ».
Le ministère français de la Défense affirme que cette augmentation massive du budget militaire se justifie par «la dégradation très rapide du contexte géopolitique », autour de la guerre en Ukraine.
Le budget militaire français doit être considéré comme un avertissement pour les travailleurs en lutte contre Macron en France et les gouvernements capitalistes réactionnaires similaires dans le monde. Le conflit entre l’OTAN et la Russie menace de dégénérer en une troisième guerre mondiale nucléaire à grande échelle, menaçant la survie de l’humanité. La classe dirigeante française, comme ses homologues, répond à l’aggravation des crises économiques et politiques en poursuivant ses ambitions impérialistes par des moyens militaires.
Dans son discours d’introduction à la LPM, Lecornu a déclaré que l’augmentation des dépenses militaires devrait permettre à la France «de faire face aux nouvelles menaces qui pèsent sur elle et de maintenir son rang parmi les premières puissances du monde ».
Le ministère de la Défense a déclaré : « Le passage à une économie de guerre doit permettre de préparer notre outil militaire aux conflits futurs et à tenir dans la durée. La LPM permettra de moderniser et d’adapter le régime des réquisitions en temps de paix et en temps de guerre. Le texte organise par ailleurs la possibilité de constituer des stocks stratégiques des matières ou composants d’intérêt stratégique au profit des armées. La LPM établira également une priorisation de la livraison de biens et services au bénéfice des armées ».
Le pillage de la classe ouvrière pour détourner des ressources massives vers les forces armées et les préparatifs de guerre catastrophiques a lieu non seulement en France, mais dans toute l’Europe et aux États-Unis.
Au début de l’année, la Pologne a annoncé qu’elle consacrerait 4 pour cent de son PIB à la défense. Notamment, il s’agissait d’acheter massivement des avions de chasse et des chars aux États-Unis et à la Corée du Sud, ainsi que des drones à la Turquie. L’Allemagne a annoncé une augmentation de 100 milliards d’euros de son budget militaire pour 2022 afin de moderniser ses forces armées. Les États baltes, l’Italie, le Royaume-Uni et la Suède ont également annoncé des augmentations importantes de leurs dépenses de défense.
La mobilisation de la classe ouvrière contre la politique de guerre insensée de l’élite dirigeante, tout comme la mobilisation de la classe ouvrière contre les réductions des retraites, ne peut se faire qu’à travers la construction d’un mouvement de masse et de base indépendant des bureaucraties syndicales et de leurs alliés de la pseudogauche. Ces forces, qui ne fournissent aucune perspective à la lutte contre les réductions des retraites de Macron, sont davantage alignées sur les guerres impérialistes françaises.
La bureaucratie de la Confédération générale du travail (CGT) a approuvé la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en Ukraine, appelant à un changement de régime pro-OTAN en Russie. Quant à Mélenchon, il a accusé Poutine de porter « l’entière responsabilité » de la guerre, dissimulant l’intervention politique et militaire de longue date de l’OTAN en Ukraine pour renforcer ses forces directement aux frontières de la Russie.
La colère des masses contre Macron continue de monter, les deux tiers des Français étant favorables à une grève générale pour bloquer l’économie et s’opposer à Macron. Ses préparatifs en vue d’un renforcement militaire massif constituent un nouvel avertissement sur la voie ultra-réactionnaire tracée par son gouvernement. La seule façon d’avancer est de développer une mobilisation politique de la classe ouvrière pour faire tomber Macron par une grève générale et de développer un mouvement de masse antiguerre dans la classe ouvrière française et internationale.