Le gouvernement de coalition allemand soutient pleinement le génocide israélien à Gaza et rejette tout cessez-le-feu. Dans le même temps, il poursuit agressivement l’offensive de guerre contre la Russie.
Le gouvernement allemand — une coalition de sociaux-démocrates (SPD), de libéraux-démocrates (FDP) et de Verts — prévoit d’augmenter l’aide militaire à l’Ukraine de six milliards d’euros l’année prochaine, c’est à dire plus que la doubler. L’estimation initiale était de quatre milliards d’euros. Quatre milliards d’euros de liquidités supplémentaires et deux milliards d’euros supplémentaires en crédits d’engagement seront mis à disposition. C’est ce qui ressort d’un document du ministère des Finances obtenu par le magazine Der Spiegel.
Ce document sert de base à la consultation finale du gouvernement avec la Commission parlementaire du budget. Cette dernière finalisera le budget pour 2024 à la fin de la semaine lors de la session dite d’ajustement. L’ensemble du budget est une déclaration de guerre aux travailleurs. Il prévoit des coupes massives dans les soins de santé, l’éducation et les services sociaux et vise à lancer la plus grande offensive de réarmement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cette dernière augmentation de l’aide à la guerre pour l’Ukraine signifie que les dépenses militaires atteindront l’objectif de 2 pour cent fixé par le gouvernement allemand dès l’année prochaine. Pour un produit intérieur brut (PIB) de 4.309,5 milliards d’euros prévus pour 2024, le quota de l’OTAN serait de 2,07 pour cent, écrit l’agence de presse Reuters. En chiffres absolus, la planification actuelle du gouvernement évalue les dépenses militairesà environ 89 milliards d’euros, dont 51,8 milliards d’euros proviennent du budget ordinaire de la défense, 19,2 milliards d’euros du «fonds spécial» pour la Bundeswehr (forces armées), environ 14 milliards d’euros d’autres départements et les milliards restants de l’aide supplémentaire à l’Ukraine.
Et ce n’est qu’un début. Dans son discours à la conférence de la Bundeswehr vendredi dernier, le chancelier Olaf Scholz (SPD) a assuré aux chefs militaires réunis que l’offensive de réarmement s’intensifierait dans les années à venir. Le «fonds spécial» de 100 milliards d’euros est «une réalité». Et «ma déclaration selon laquelle nous augmenterons continuellement le budget de la défense pour qu’il atteigne deux pour cent du produit intérieur brut est valable également! Vous pouvez planifier avec cela».
Le chancelier a ensuite présenté une liste de «lacunes capacitaires» qui devaient être comblées «très rapidement». La priorité sera donnée aux avions de combat, aux hélicoptères de transport lourds, aux Eurofighters, au successeur du véhicule de combat d’infanterie Marder et aux navires de guerre tels que les corvettes 130 et les frégates 126, mais l’inventaire et les domaines des munitions, des pièces de rechange et de la maintenance seront également «renforcés rapidement et efficacement afin de mettre enfin un terme à une économie de pénurie». La «dimension milliardaire du défi» est «extrêmement visible», mais les choses étaient «sur la bonne voie».
S’adressant à la chaîne de télévision ARD dimanche, le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a répété son mantra que l’Allemagne devait être «forte à la guerre». Le gouvernement va maintenant poursuivre le réarmement à un «rythme allemand», a-t-il déclaré. En ce qui concerne l’acquisition de nouveaux chars de combat Leopard, «le temps qu’il aurait fallu normalement pour signer les contrats a été réduit de douze à six mois et de six à trois mois pour les obusiers autopropulsés». Nous achetons «beaucoup plus vite qu’avant» et continuerons à accélérer le rythme.
En ce qui concerne les milliards supplémentaires accordés à l’Ukraine, Pistorius a déclaré: «Ces fonds supplémentaires sont le bon signal, surtout maintenant que l’Ukraine doit poursuivre son combat et qu’une partie de l’attention du public dans le monde entier est davantage tournée vers Israël. C’est aussi un signal fort pour l’Ukraine que nous ne l’abandonnerons pas».
En d’autres termes, après la débâcle de l’offensive ukrainienne, qui n’a abouti à aucun gain territorial significatif malgré des dizaines de milliers de soldats tués, l’Allemagne et les autres grandes puissances de l’OTAN augmentent de plus en plus l’effort de guerre afin de vaincre militairement la Russie.
La liste des «services de soutien militaire» à l'Ukraine publiée par le gouvernement allemand donne une idée des livraisons massives d’armes prévues dans un avenir immédiat. Les fournitures suivantes se trouvent uniquement dans la section «Véhicules blindés de combat»:
- 5 Véhicules tout-terrain chenillés ambulance Warthog
- 105 chars de combat LEOPARD 1 A5
- 40 véhicules de combat d'infanterie MARDER
- 4 véhicules polyvalents chenillés Bandvagn 206 (BV206)
- 50 véhicules blindés de transport de troupes (APC)
- Munitions pour le char de combat LEOPARD 1
- Munitions pour le véhicule de combat d'infanterie MARDER
En outre, il y aura d’autres systèmes de défense aérienne tels que Patriot et Iris-T, des chars antiaériens Gepard, des chars de récupération, de pose de ponts et de déminage, des drones et des camions-citernes. Et pour la «durabilité», 8,3 millions de munitions pour armes légères, 18.000 armes légères antichars et 264.501 munitions pour lance-grenades de 40 mm, entre autres.
Il est clair que la «nouvelle ère» invoquée par les politiciens et les médias — Scholz a mentionné ce terme six fois dans son discours — n’est pas seulement dirigée contre la Russie. La classe dirigeante utilise l’invasion russe de l’Ukraine provoquée par l’OTAN et maintenant aussi la guerre génocidaire d’Israël à Gaza pour armer l’Allemagne, militariser l’ensemble de l’Europe sous direction allemande et se rétablir en tant que puissance de guerre centrale après deux guerres mondiales perdues.
«En tant que nation la plus peuplée, dotée de la plus grande puissance économique et située au milieu du continent, notre armée doit devenir la pierre angulaire de la défense conventionnelle en Europe, la force armée la mieux équipée d’Europe», a déclaré Scholz à Berlin.
Les plans de militarisation qui y sont liés deviennent de plus en plus concrets. Par exemple, les nouvelles lignes directrices de la politique de défense déclarent qu’«être fort à la guerre» est une «maxime d’action» et appellent à une société et à une armée «toujours prêtes à se battre» — «avec l’aspiration de réussir dans des combats de haute intensité». L’Allemagne «ne veut pas seulement gagner une confrontation avec un adversaire au moins égal», il « faut qu’elle la gagne ».
La classe dirigeante allemande a identifié l’énorme opposition au sein de la population comme le principal problème pour ses plans de guerre mégalomanes, mais non moins dangereux pour autant. Le présentateur de la chaîne publique ARD a ainsi confronté Pistorius à un sondage montrant que même en cas d’attaque contre l’Allemagne, seuls 5 pour cent se porteraient «volontaires pour le service militaire». Plus de la moitié de la population souhaiterait «continuer à vivre normalement» ou «quitter le pays» dans une telle situation.
La réponse du ministre de la Défense a été de menacer: «Les consciences doivent changer et elles changeront». En fait, l’antimilitarisme est profondément ancré dans la classe ouvrière après les terribles crimes commis par l’impérialisme allemand au siècle dernier. Pour arrêter l’offensive de guerre actuelle et éviter une rechute dans la guerre mondiale et la barbarie, il doit être transformé en mouvement socialiste conscient de la classe ouvrière internationale — contre la guerre et contre sa cause, le capitalisme.
(Article paru en anglais le 16 novembre 2023)