La police anti-émeute protège Biden des manifestants anti-génocide lors d’un événement de l’UAW

Des policiers équipés de boucliers anti-émeutes et de matraques ont attaqué des manifestants anti-génocide jeudi à l'extérieur d'un événement de campagne pour le président Joe Biden organisé par les Travailleurs unis de l'automobile (UAW) dans la banlieue de Detroit. Les manifestants portaient des pancartes et scandaient des slogans dénonçant «Génocide Joe» pour son soutien militaire et politique au massacre de plus de 30.000 Palestiniens par Israël pendant près de quatre mois.

Le président de l'UAW, Shawn Fain, et le reste de la direction du syndicat ont donné leur appui à la réélection de Biden la semaine dernière lors d'une conférence d'action politique du syndicat à Washington. Des agents des services secrets et des hommes de main du syndicat ont trainé à l’extérieur des membres de l'UAW qui protestaient parce qu'ils scandaient «cessez-le-feu maintenant» pendant le discours de Biden à la conférence du syndicat à Washington. Depuis lors, Fain est devenu l'un des principaux porte-parole nationaux de Biden, déclarant sur plusieurs grands médias que le président belliciste et le défenseur de longue date de Wall Street s'opposait à la «cupidité des entreprises».

En prévision de la visite présidentielle de jeudi, le siège de la région 1 de l'UAW à Warren, dans le Michigan, a été essentiellement transformé en bunker. Le bâtiment a été encerclé par des camions-bennes municipaux de gros tonnage remplis de sel de déneigement afin de protéger le président contre toute attaque. Les agents des services secrets, la police de l'État du Michigan et les policiers locaux de Warren et de la ville voisine de Centerline ont bloqué toutes les rues menant au bâtiment de l'UAW et ont tenu les manifestants à des centaines de mètres.

Protégé par la police anti-émeute, Fain a déclaré aux politiciens démocrates et aux bureaucrates syndicaux rassemblés : «Nous allons tout faire pour que Joe Biden soit le prochain président». Ils ont répondu en scandant «Joe, Joe, Joe !»

Le président des Travailleurs unis de l'automobile, Shawn Fain, serre la main du président Joe Biden lors d'un arrêt de campagne à un centre téléphonique avec les membres de l'UAW dans la salle syndicale de la région 1 de l'UAW, le jeudi 1er février 2024, à Warren, dans le Michigan. [AP Photo/Evan Vucci]

Fain, qui a été présenté par les Socialistes démocrates d'Amérique comme un champion militant de la classe ouvrière, a, comme on pouvait s'y attendre, gardé le silence sur le génocide à Gaza, même si l'appareil syndical a adopté une résolution impuissante appelant à un cessez-le-feu.

Dans ses remarques décousues, Biden a dénoncé la Chine et fait l'éloge de la bureaucratie de l'UAW, déclarant : «Vous soutenir est la chose la plus facile que j'aie jamais faite». L'année dernière, Biden a travaillé en étroite collaboration avec l'appareil de l'UAW pour faire adopter des conventions collectives pro-patronales, qui ont ouvert la voie à des suppressions d'emplois massives, alors que l'industrie automobile américaine est en concurrence avec la Chine sur les marchés des véhicules électriques. C’est ainsi que Biden compte sur l'UAW et d'autres syndicats pour bloquer la résistance des travailleurs aux guerres d'expansion de l'impérialisme américain et à l'austérité et à la répression politique à l'intérieur du pays.

«Je suis venu ici aujourd'hui pour dire à Biden que nous ne voulons pas de lui ici», a déclaré Evan, un jeune manifestant à l'extérieur de l'événement, au World Socialist Web Site. «Nous ne soutenons pas ce qu'il fait. Il aide Israël à commettre un génocide. Les flics ne nous laissent même pas passer pour protester sur un trottoir public, pour exprimer nos opinions et ce que l’on pense.»

Evan

«Biden veut continuer à faire ce qu'il fait et essayer de gagner cette élection tout en tuant des enfants innocents en Palestine et en finançant Israël avec toutes les armes et les bombes. Il sait que la plupart d'entre nous sont contre cela et il ne veut pas l'entendre, alors ils ne nous laissent pas passer. Ils ne veulent pas que les nouvelles ou les médias sociaux publient des informations en ligne pour que les gens voient la vérité, la réalité de ce qui se passe vraiment.»

«L'ensemble du gouvernement ici aux États-Unis est tellement truqué. Le fait est que les deux seules options qui nous sont proposées sont un Trump raciste, suprémaciste blanc, ou Biden, qui est littéralement en train de commettre un génocide, et ils continuent à nous nourrir de tous ces mensonges ! Honnêtement, à ce stade, ils sont tous les deux horribles et aucun des deux ne devrait être président. Tout ce qui les intéresse, c'est l'argent et le pouvoir. Ils se moquent des vies humaines».

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Décrivant les mesures policières mises en œuvre à l'extérieur de la salle de l'UAW, un autre manifestant a déclaré au WSWS : «J'ai l'impression d'être dans un pays du tiers-monde. Le président ne veut voir personne. Personne ne peut exprimer son opinion sur le génocide et le traitement inhumain des Palestiniens. Ils ont très peur.»

Lorsqu'on lui a demandé ce qu'il pensait du soutien apporté par l'appareil de l'UAW à Biden, il a répondu : «Ils le font de leur point de vue égoïste. Ils sont démocrates et veulent obtenir le soutien du gouvernement. Ils ne se soucient pas d'une quelconque cause humanitaire.»

«Ils ont oublié que [les syndicats] ont été créés pour aider les travailleurs, les plus faibles, une noble cause. Les hauts fonctionnaires ont des intérêts ailleurs. L'instinct fondamental d'un être humain est de soutenir une cause humaine, mais ils sont de l'autre côté, ce qui signifie que quelque chose qui ne tourne pas rond se passe en coulisses».

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S'adressant aux travailleurs américains, il a déclaré : «Les travailleurs doivent se battre pour la justice, car tout ce que nous faisons pour les autres nous reviendra aussi. Nous avons des problèmes ici. Les étudiants, les personnes malades qui ont besoin de soins de santé, les travailleurs qui n'ont pas d'emploi ou qui ont des emplois dans de très mauvaises conditions et mal rémunérés. Nous devons nous attaquer à ces problèmes. Pourquoi envoyer l'argent là-bas [en Israël] et ne rien faire ici ?»

Hannah et Monique, deux employées de Stellantis Warren Truck qui ont récemment été licenciées avec des centaines d'autres travailleurs supplémentaires (temporaires) en raison de l'accord de capitulation signé par la bureaucratie de l'UAW, se sont également jointes aux manifestants. Fain et d'autres responsables syndicaux ont dit aux travailleurs qu'ils seraient transférés à des postes à temps plein. Au lieu de cela, plus de 2100 d'entre eux ont été licenciés, avec la complicité de Fain et compagnie.

«Je suis ici aujourd'hui pour soutenir les Palestiniens parce que je suis un ancien membre de l'UAW et que notre président Shawn Fain a soutenu Biden, qui est à l'origine du génocide contre le peuple palestinien qui se déroule en ce moment même. Ils utilisent nos cotisations syndicales et l'argent de nos impôts pour financer une guerre dont nous ne voulons pas, et ils agissent comme si nous n'avions pas notre mot à dire. Nous ne sommes pas d'accord. Nous ne soutenons pas Joe Biden. Nous n'acceptons pas que Shawn Fain le soutienne. Nous venons ici et nous nous tenons aux côtés des Palestiniens parce qu’ils sont comme nous».

Des opposants au génocide israélien protestent contre la visite de Biden dans le cadre de sa campagne électorale.

Monique a ajouté : «Je ne soutiens pas Biden et je pense que ce qu'il fait est terrible. Nous devons nous rassembler pour lutter contre cela. Ils devraient organiser une réunion pour demander à la classe ouvrière ce qu'elle pense du soutien à Biden. Mais ils ont pris une décision dont nous ne savions rien. Il s'agissait plus d'un travail interne que d'un travail externe.»

«Nous avons perdu nos emplois. Fain parle toujours de la “cupidité des entreprises”. Eh bien, ce qu'il fait, c'est vraiment de la cupidité d'entreprise, parce que le syndicat a travaillé avec les entreprises pour se débarrasser du plus bas échelon des travailleurs, les TPT [travailleurs temporaires à temps partiel]. Certains d'entre nous vivent dans leur voiture et ne peuvent pas subvenir aux besoins de leurs enfants.»

Commentant le fait que des niveaux de chômage plus élevés obligent davantage de travailleurs à s'engager dans l'armée, elle a conclu : «La lutte contre les suppressions d'emplois et la guerre devrait être une seule et même lutte. Nous devrions tous nous unir et lutter ensemble».

(Article paru en anglais le 2 février 2024)

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