L’UAW met un terme à la grève à l’université de Washington après moins d’une journée

Les assistants d'enseignement et de recherche de l'université de Washington organisent un piquet de grève pour obtenir de meilleurs salaires dans un contexte de hausse vertigineuse du coût de la vie. [Photo: UAW 4121]

MISE À JOUR : À partir de 21 h 58, heure locale, lundi soir, le syndicat United Auto Workers section locale 4121 a annoncé la conclusion d'une entente de principe avec l'université de Washington. En outre, il a convenu unilatéralement avec l'administration du campus de «suspendre la grève en attendant la période de vote de ratification».

Les travailleurs doivent insister sur le fait qu'il ne peut y avoir de fin à la grève tant que l'entente n'a pas été votée par la base ! L'accord doit être présenté dans son intégralité, avec un délai suffisant pour permettre aux travailleurs d'étudier les termes de la convention collective et de s'assurer que leurs demandes ont été satisfaites.

L'élan de la grève ne doit pas être perdu, surtout au moment où les travailleurs de l'université de Californie votent la grève contre la répression policière des manifestations contre le génocide. La lutte doit être élargie, et c'est la base, et non les bureaucrates, qui doit veiller à ce que la volonté démocratique des membres soit respectée.

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Une grève de 6000 assistants d'enseignement (TA) et assistants de recherche (RA) de l'université de Washington (UW), dans l'État de Washington, a débuté lundi, en réponse au refus de l'université d'accorder une augmentation de salaire significative à ces travailleurs universitaires.

Les TA et les RA sont membres de la section locale 4121 de l'UAW, qui comprend également des étudiants postdoctoraux et des chercheurs scientifiques de l'université du Wisconsin. Un vote de grève a eu lieu du 23 au 25 avril et a été adopté à la quasi-unanimité, avec plus de 99 % de votes en faveur de la grève. La convention collective a officiellement expiré le 1er mai.

La grève a lieu au moment où les 48.000 universitaires de la section locale 4811 de l'UAW dans le système de l'université de Californie votent une grève contre la répression policière des manifestations contre le génocide.

Les campus de Californie, en particulier UCLA et UC San Diego, ont été transformés en zones militarisées. À l'UCLA en particulier, des manifestants pacifiques ont été arrêtés après un assaut de cinq heures dans le cadre d'une attaque sioniste orchestrée par la police contre le campement de solidarité avec la Palestine.

La grève à l'UW est un développement important. Elle met en évidence l'immense potentiel du mouvement grandissant contre la guerre pour s'unir à l'opposition massive de la classe ouvrière à l'exploitation et à l'inégalité.

Cette grève intervient une semaine seulement après que les ouvriers de l'usine Warren Stamping de Stellantis, près de Detroit, ont voté l'autorisation de faire grève pour des questions de santé et de sécurité.

Le World Socialist Web Site appelle à la mobilisation la plus large possible de la classe ouvrière pour soutenir les étudiants diplômés, y compris à de nouvelles grèves pour mettre fin au génocide à Gaza et aux mesures d'État policier mises en œuvre pour réprimer l'opposition.

Une grève à l'UC doit être étendue à l'ensemble des 400.000 membres de l'UAW, y compris les 8000 membres de la section locale 4121 dans l'État de Washington, les 150.000 travailleurs de l'automobile membres du syndicat et des milliers d'autres dans les usines de défense.

Le fait que le vote à l'université de Washington ait été adopté de manière aussi décisive reflète la colère énorme et croissante de la classe ouvrière, motivée par des conditions intolérables.

Dans la région de Seattle, le loyer moyen est d'un peu plus de 2000 dollars par mois, tandis que le salaire de base de cette catégorie de travailleurs n'est que de 2664 dollars. L'université ne propose qu'une augmentation à 2850 dollars par mois, tout en exigeant que les travailleurs paient une nouvelle prime de 1100 dollars par an pour leur assurance maladie.

Le WSWS s'est entretenu avec un membre du personnel de l'UW, qui a parlé de son soutien aux grévistes de l'UW. «Ce qui est différent dans ce cycle de négociations contractuelles, c'est le militantisme des RA et des TA. Il y a eu un exercice de piquetage il y a quelques jours et ils semblaient très énergiques.

«Beaucoup d'entre eux voulaient faire grève plus tôt parce qu'ils craignaient que la grève ait lieu pendant les examens de fin d'année, ce qui aurait fait plus de mal aux étudiants qu'à l'administration. La convention collective était échue le 1er mai et je pense que l'UAW essayait de gagner du temps avec les négociations qui ont eu lieu après. Ils ne veulent vraiment pas contrarier la direction.

«C'est la même chose dans mon propre syndicat, le SEIU, où il n'y a jamais de discussion sur les questions politiques, comme le génocide à Gaza. Nous gérons essentiellement l'université, mais le syndicat ne fait que soumettre des demandes à la direction. Une fois, j'ai parlé de grève lors d'une réunion syndicale, mais tous les responsables ont rejeté cette idée d'un revers de main. À quoi servent ces bureaucrates, s'ils ne menacent même pas de suspendre le travail ?

Une partie du rassemblement organisé par l'UAW 4121 le premier jour de la grève.

Interrogé sur la voie à suivre pour les grévistes, le travailleur de l'UW a répondu : «Les dirigeants syndicaux s'efforcent d'imposer des engagements de non-grève à leurs membres. C'est pourquoi il faut se tourner vers la base, pour qu'elle dirige la grève.»

Il a exhorté les grévistes de la base à se mobiliser pour défendre la grève contre l'inévitable tentative de capitulation des bureaucrates de l'UAW. «Je lis le WSWS depuis de nombreuses années et son point de vue est toujours confirmé. Le moment venu, ces syndicats trahissent toujours leurs travailleurs.»

Le travailleur de l'UW a également appelé à une lutte plus large au sein de la classe ouvrière afin de lutter conjointement avec les deux luttes. «Que se passerait-il si les dockers de Los Angeles et de San Diego débrayaient pour défendre les étudiants sur les campus ? Le gouvernement Biden ne serait pas en mesure de construire son “arsenal de la démocratie”.»

L'expression «arsenal de la démocratie» est un terme de propagande employé par Biden, qui fait référence à la conversion, à l'époque de la Seconde Guerre mondiale, des usines industrielles, y compris celles de l'industrie automobile, à la production militaire. Le président de l'UAW, Shawn Fain, qui, avec la bureaucratie de l'UAW, a donné son appui électoral à «Joe le génocidaire» malgré l'opposition écrasante de la base, a adopté cette rhétorique en bloc. Lors de toute apparition publique, Fain porte une chemise affichant ce slogan ainsi qu'une photo d'un bombardier B-24.

La production d'armes aux États-Unis aujourd'hui serait mieux qualifiée d'«arsenal du génocide». À Gaza, le régime sioniste soutenu par les États-Unis mène actuellement une campagne de bombardements massifs contre Rafah, où 1,5 million de Palestiniens sont entassés après y avoir été contraints par les avancées successives de l'invasion israélienne. Les parties nord de Gaza souffrent de la famine et les parties sud, où se trouve Rafah, ne sont pas loin derrière.

En Ukraine, l'impérialisme américain a fourni plus de 100 milliards de dollars au régime fasciste de Zelensky dans une guerre qui menace d'exploser en une troisième guerre mondiale nucléaire.

Biden s'appuie sur la bureaucratie de l'UAW, ainsi que sur ses homologues des Teamsters, de l'ILWU (International Longshore and Warehouse Union) et de toutes les autres bureaucraties syndicales pour empêcher la perturbation de la production et de l'acheminement du matériel de guerre vers les fronts en développement d'Europe de l'Est et du Moyen-Orient.

C'est pourquoi la section locale 4811 de l'UAW, qui a retardé de deux semaines le vote de grève à l'UC, a clairement indiqué qu'elle ne déclencherait une grève que «si les circonstances le permettaient», à l'instar de la «grève debout» qui a eu lieu l'année dernière dans l'industrie automobile.

Il s'agissait de grèves reconductibles sans effet, qui n'ont en rien perturbé la production. L'UAW les a annulées pour imposer une convention collective – avec le soutien personnel de Biden, qui est apparu sur scène aux côtés de Fain lors d'un rassemblement célébrant l’entente, tandis que des manifestants contre le génocide manifestaient à l'extérieur – qui est utilisée pour licencier des milliers de personnes.

Mais le développement de la lutte des classes sape la capacité de la bureaucratie à garder le contrôle de la base. Les liens étroits de la bureaucratie de l'UAW avec la Maison-Blanche de Biden et le Parti démocrate suscitent une énorme colère.

Les travailleurs universitaires de l'UW doivent s'efforcer d'unir le plus possible leur lutte à celle des étudiants diplômés de Californie et de l'industrie automobile. Les revendications politiques et économiques soulevées séparément ne sont, objectivement, que les deux faces d'une même médaille. Elles doivent être réunies et défendues ensemble.

Pour parvenir à cette unité, les travailleurs ne peuvent pas attendre la bureaucratie syndicale, mais doivent commencer à agir eux-mêmes. Les étudiants diplômés, les ouvriers de l'automobile et d'autres personnes dans tout le pays doivent former des comités de base pour ouvrir des lignes de communication entre les différentes sections de travailleurs, planifier des actions militantes communes et s'organiser pour faire respecter leur volonté démocratique contre toute tentative des responsables syndicaux de la trahir.

(Article paru en anglais le 15 mai 2024)

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