Participez à la lutte pour que la base prenne le contrôle ! Adhérez au Comité de base des travailleurs de Boeing en envoyant un SMS au (406) 414-7648 ou en écrivant à boeingworkersrfc@gmail.com.
Lors du vote de mercredi, les machinistes de Boeing ont rejeté à 64 % une nouvelle entente favorable au patronat qui leur a été présenté par les bureaucrates de Boeing et de l'Association internationale des machinistes (AIM) et négocié par la ministre du Travail par intérim, Julie Su.
Il s'agit de la deuxième entente de capitulation que les travailleurs ont massivement rejetée. Les travailleurs ont rejeté la première à 95 % à la mi-septembre, ce qui a contraint le syndicat à déclencher la grève de 33.000 travailleurs.
L'accord de mercredi est à nouveau loin de répondre aux demandes des travailleurs. L'augmentation de salaire de 35 % ne compense pas des années de stagnation des salaires et d'inflation record, le seul congé flottant supplémentaire ne permet pas aux travailleurs de passer du temps avec leurs amis et leur famille, et la couverture médicale n'a pas suivi l'augmentation des coûts induite par l’industrie des soins de santé.
En plus d'exiger une augmentation minimale de 40 %, les machinistes demandent également le rétablissement de leurs pensions volées en 2014, lorsque l'AIM avait permis à Boeing d'intimider les travailleurs en menaçant de délocaliser la production de l'avion de ligne 737 dans son usine non syndiquée de Caroline du Sud.
En rejetant l'accord, les travailleurs ont porté un dur coup non seulement à la direction de Boeing, mais aussi à la bureaucratie de l'AIM et, surtout, à l'impérialisme américain et à l'establishment politique pro-patronal. Wall Street et le gouvernement américain comptaient sur l'appareil syndical pour mettre fin à la grève, qui dure maintenant depuis six semaines, afin de libérer les chaînes d'approvisionnement pour la guerre.
La question stratégique clé est maintenant d'amener de plus larges sections de la classe ouvrière à mener une lutte commune avec les machinistes de Boeing. Le développement des luttes dans l'ensemble de l'industrie aérospatiale mondiale, y compris trois grèves chez Eaton, fournisseur de Boeing, des licenciements massifs chez Airbus et un rejet d’entente chez Embraer, montre l'immense potentiel des travailleurs de Boeing pour mobiliser les travailleurs à travers les États-Unis et le monde.
Pour ce faire, les travailleurs doivent commencer à s'organiser par l'intermédiaire du Comité de base des travailleurs de Boeing afin d'affirmer leur volonté démocratique quant à la conduite de la grève.
Comme l'a écrit le comité lundi dans une déclaration appelant à voter non, « nous proposons [...] La mobilisation de la classe ouvrière derrière notre grève. Nous devons nous rendre sur les quais, dans les écoles, dans les usines et sur d'autres lieux de travail, en organisant des piquets d'information et en utilisant d'autres méthodes pour les encourager à soutenir notre lutte ».
Les travailleurs contre la Maison-Blanche
La prochaine étape de la grève opposera plus directement les travailleurs à Wall Street et à la Maison-Blanche. Les leçons des luttes passées, notamment celle des cheminots en 2022, sont essentielles. À l'époque, afin d'écraser la volonté démocratique de quelque 120.000 travailleurs qui avaient rejeté de multiples ententes de trahison, le Congrès est intervenu pour imposer la convention collective et interdire préventivement la grève.
Cette lutte a opposé les cheminots aux bureaucrates du syndicat des chemins de fer, qui ont collaboré avec Washington pour gagner le temps nécessaire à la préparation de la législation. En réponse, les travailleurs ont formé le Comité de base des cheminots.
Pour vaincre l'intervention gouvernementale, explique le comité dans sa déclaration fondatrice, « il faut non seulement s'organiser de manière indépendante pour garantir un maximum d'unité et de solidarité, mais aussi ne pas se faire d'illusions sur les larbins politiques à la solde de Wall Street ».
Le président du district 751, Jon Holden, a pratiquement admis que non seulement le gouvernement pourrait intervenir plus directement, mais qu'il serait invité à le faire par la bureaucratie de l'AIM. Il a déclaré à King 5 Seattle après le vote de rejet : « Nous avons réussi à convaincre la ministre du Travail [par intérim] Julie Su, et je vais à nouveau contacter la Maison-Blanche pour voir si nous pouvons obtenir de l'aide et résoudre ce problème. »
Après l'une des deux réunions d'information organisées en début de semaine sur le contrat, un travailleur a déclaré au World Socialist Web Site : « L'entreprise n'a pas voulu bouger sur pratiquement tous les points ! Pourquoi nous ont-ils présenté cela alors ? Ils n'ont même pas voulu bouger sur l'argent pour les A&P, ce qui était non négociable pour moi et d'autres.
« Après la réunion Zoom, j'étais furieux. Je pouvais dire que [le président du district 751 de l'AIM, Jon Holden] était tout simplement fatigué de toute cette affaire. Il n'arrêtait pas de dire “c'est entre les mains des membres”. Vraiment ? Pourquoi payons-nous pour vous ? Un dirigeant fort se serait levé et aurait quitté les négociations, comme Boeing l'a déjà fait à deux reprises ! Il leur aurait demandé de proposer un meilleur accord, comme ils l'ont fait pour lui ! »
Pendant le vote, des journalistes du WSWS ont visité le bureau de vote de Renton. Une travailleuse a déclaré : « Jon Holden essaie de jouer sur tous les tableaux. Je dirais que 40 % d'entre nous pensent qu'il sera difficile de récupérer les pensions, mais nous devrions essayer. »
Elle a ajouté : « Il est très révélateur que notre syndicat ait recommandé tous ces candidats démocrates et les ait soutenus lorsqu'ils se présentaient sur les piquets de grève. Il s'agit d'une convention collective “pour les deux parties”, mais ce n'est pas une lutte “des deux parties” [...] ils nous trahissent. »
Boeing campe sur ses positions : les travailleurs doivent réagir
Boeing perd environ 5 milliards de dollars par mois à cause de la grève et a été menacé d'une dégradation de sa cote de crédit. Cependant, soutenue par Wall Street et le gouvernement, l'entreprise campe sur ses positions. En guise de provocation, Boeing a annoncé 17.000 licenciements, ce qui aurait largement compensé les modifications mineures apportées à son offre.
Dans une interview accordée à CNBC, le PDG de Boeing, Kelly Ortberg, a affirmé que les licenciements annoncés résultaient d'un « sureffectif ».
Cet argument est absurde. Boeing a supprimé des centaines d'emplois dans le domaine de la sécurité et de la qualité au cours des dernières années, ce qui a directement contribué aux deux accidents mortels du 737 MAX 8, qui ont coûté la vie à 346 passagers et membres d'équipage, et à l'explosion de la porte d'un MAX 9 en janvier. Comme les travailleurs le savent bien, la qualité et la sécurité sont sacrifiées pour les profits.
Le jour même du vote, Ortberg a rencontré les actionnaires de Boeing pour discuter des résultats financiers trimestriels de l'entreprise et de la grève elle-même. Lors de cette réunion, il a déclaré qu'il avait « bon espoir que le plan que nous avons proposé permette à nos employés de reprendre le travail afin que nous puissions immédiatement nous concentrer sur le rétablissement de l'entreprise ».
Ortberg a également indiqué que l'entreprise avait perdu 6,2 milliards de dollars au cours du troisième trimestre, dont les deux dernières semaines ont coïncidé avec les deux premières semaines de grève. Des pertes importantes ont été enregistrées dans de nombreux programmes commerciaux et de défense, y compris l'échec du vaisseau spatial Boeing Starliner.
Jerry White, candidat du Parti de l’égalité socialiste à la vice-présidence des États-Unis, a publié une déclaration en réponse au résultat :
Le rejet à 65% de la deuxième entente de capitulation par les travailleurs de Boeing est une position courageuse pour l'ensemble de la classe ouvrière. En rejetant cet accord, les travailleurs de Boeing ont défié la conspiration des dirigeants de Boeing, de leurs bailleurs de fonds de Wall Street, de l'administration Biden-Harris et de la bureaucratie de l'AIM. Ils ont insisté sur le fait que les travailleurs ont le droit social à des salaires décents, à des emplois sûrs et à des pensions qui garantissent la dignité à la retraite.
Ce vote est un coup dur pour la Maison-Blanche et les deux partis du grand patronat, qui cherchent désespérément à mettre un terme à cette grève. Ils considèrent la grève de Boeing comme une menace parce qu'elle pourrait interférer avec la production militaire et perturber les plans de guerre de l'impérialisme américain. Boeing est un important sous-traitant de la défense, et toute perturbation menace les profits de l'élite dirigeante et de sa machine de guerre mondiale.
Mais ce vote ne peut pas être la fin de la lutte : il doit être le début d'une lutte menée sur une base entièrement différente. Le rejet de l’entente montre l'énorme détermination des travailleurs, mais l'avenir de cette lutte doit être placé entre les mains de la base. Les travailleurs ne peuvent pas compter sur la bureaucratie de l'AIM, qui a déjà tenté à deux reprises d'imposer un accord de capitulation. Les travailleurs de Boeing doivent former des comités de base pour prendre le contrôle de cette lutte, exiger des indemnités de grève complètes et tendre la main aux travailleurs de toutes les industries, aux États-Unis et dans le monde, pour construire une lutte unie.
Le Parti de l'égalité socialiste et notre campagne électorale sont totalement solidaires des travailleurs de Boeing. Votre combat est celui de tous les travailleurs, contre le système des grandes entreprises et la machine de guerre qu'il maintient.
(Article paru en anglais le 24 octobre 2024)