La guerre, la lutte des classes et les tâches du Parti de l'égalité socialiste

Nous publions ici la résolution principale adoptée par le septième Congrès national du Socialist Equality Party Parti britannique (Parti de l’égalité socialiste), qui s'est tenu du 29 novembre au 2 décembre 2024. Le WSWS publiera les résolutions, rapports et contributions présentés au Congrès dans les prochains jours.

1. La classe ouvrière en Grande-Bretagne et dans le monde est confrontée à d’immenses dangers. Jamais depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale le danger d’une Troisième Guerre mondiale n’a été aussi grand. Le capitalisme mondial est confronté à une crise historique profonde, à laquelle la seule réponse de la classe dirigeante est la violence impérialiste, la contre-révolution sociale et la dictature.

2. La guerre en Ukraine, qui a fait des centaines de milliers de morts des deux côtés, a été provoquée par les puissances impérialistes des États-Unis et de l’OTAN, qui ont mené une politique d’empiètement sur la Russie visant à provoquer l’effondrement du régime capitaliste du président Vladimir Poutine. Cette guerre a atteint le stade dangereux où Washington autorise l’utilisation de missiles longue portée contre le territoire russe et le gouvernement travailliste de Sir Keir Starmer lui emboite le pas pour l’emploi des missiles britanniques Storm Shadow. Poutine a répondu en déclarant que les puissances de l’OTAN étaient de facto en guerre avec la Russie et que l’Europe pourrait être la cible de représailles à l’aide de missiles hypersoniques à capacité nucléaire. Londres, Paris et Berlin discutent de l’envoi de troupes en Ukraine sous prétexte de surveiller un éventuel «cessez-le-feu» futur, ce que Moscou a qualifié de plan pour lui imposer une «défaite stratégique» à laquelle il faudrait résister « par tous les moyens».

3. La guerre mené par l'OTAN contre la Russie n'est que la plus sanglante et la plus dangereuse manifestation d'une éruption de la guerre au plan mondial. Les puissances impérialistes soutiennent depuis plus d'un an les massacres et le nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, perpétrés par le régime fasciste israélien. Ce conflit s'est transformé en un conflit régional visant l'Iran, qui a déjà conduit au bombardement et à l'invasion du Liban, au renversement du régime Assad et au découpage de la Syrie. Une nouvelle répartition du monde, de ses marchés et de ses ressources essentielles entre les grandes puissances, dirigées par les États-Unis, est en cours ; elle vise en fin de compte la Chine en tant que concurrent économique et stratégique de l'Amérique, menaçant de déclencher une guerre mondiale avec utilisation d'armes nucléaires.

4. La marche vers la guerre s’accompagne d’un tournant vers des formes de gouvernement dictatoriales et vers le développement de forces d’extrême droite pour écraser la résistance de la classe ouvrière. Une préservation des formes démocratiques de gouvernement est impossible. Dans un contexte d’inégalités sociales extrêmes et de tensions de classe croissantes, de transfert de richesses sans précédent vers les super-riches, d’une pandémie de COVID qui a fait des millions de morts et de la catastrophe du changement climatique, les élites dirigeantes capitalistes se tournent vers le fascisme et la dictature à l’échelle mondiale. Cette tendance trouve son expression la plus avancée aux États-Unis. La classe dirigeante américaine répond au déclin économique mondial des États-Unis par une éruption de violence militaire pour garantir son hégémonie mondiale et par un recours au parasitisme financier sans retenue. Cela s’accompagne d’une guerre contre les travailleurs menée pour le compte de l’oligarchie financière qui plonge des millions de gens dans le désespoir économique et qui a ouvert la voie à la présidence fasciste de Donald Trump.

5. Le rôle clé dans l’ascension de Trump a été joué par le Parti démocrate et ses alliés au sein de la bureaucratie syndicale de l’AFL-CIO. Trump a fomenté un coup d’État en janvier 2021, visant à renverser le résultat de l’élection présidentielle et l’ordre constitutionnel, et se voit remettre moins de quatre ans plus tard les clés de la Maison Blanche par les démocrates. Les démocrates ont répondu au coup d’État du 6 janvier en tentant systématiquement de soutenir le Parti républicain, qu’ils ont présenté comme la victime de Trump, tandis que les syndicats ont réprimé et trahi toute opposition à la détresse économique subie par des millions de gens durant la présidence de Biden. Les jeunes ont notamment tourné le dos au Parti démocrate à cause de son soutien à la guerre en Ukraine et au génocide israélien, ce qui a permis à Trump de se présenter comme un artisan de la paix. Cette situation a été aggravée par la promotion par les démocrates d’une politique identitaire clivante, adaptée à une classe moyenne supérieure qui ne cherche que son avancement personnel et ouvertement hostile aux souffrances des travailleurs que Trump prétend représenter. C’est pourquoi le développement d’un mouvement fasciste américain ne pourra jamais être combattu en soutenant les démocrates comme un «moindre mal», tel que le prônent Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez et la pseudo-gauche.

6. Le SEP (Parti de l’égalité socialiste aux États-Unis) a présenté Joseph Kishore comme candidat à la présidence et Jerry White comme vice-président afin d’armer la classe ouvrière d’une perspective révolutionnaire. Le SEP a expliqué que le fascisme n’est pas un choix politique erroné de partis capitalistes ou d’individus tels que Trump. Il est le resultat de l’effondrement de la démocratie bourgeoise sous le poids des contradictions du capitalisme, alors que la classe dirigeante se tourne vers la contre-révolution ouverte pour réprimer l’opposition de la classe ouvrière à l’austérité et à la guerre. Comme a insisté pour le dire le SEP américain, «l’arrivée au pouvoir d’une deuxième administration Trump représente le réalignement violent de la superstructure politique américaine pour correspondre aux rapports sociaux réels existant aux États-Unis. Donald Trump ne parle pas simplement comme un individu criminel mais comme le représentant d’une puissante oligarchie capitaliste qui a pris forme au cours des trois ou quatre dernières décennies». C’est là un phénomène international. Trump n’est que la dernière figure d’extrême droite à arriver au pouvoir. L’Europe a déjà des gouvernements néofascistes en Italie et aux Pays-Bas. Ce processus sera accéléré par l’élection de Trump, comme le montrent l’effondrement du gouvernement de coalition allemand et la menace de chute du gouvernement non élu du président français Macron – le Rassemblement national de Marine Le Pen étant de plus en plus susceptible d’arriver au pouvoir – dans les deux cas en raison des efforts visant à imposer les mesures d’austérité drastiques exigées par la guerre en Ukraine et la guerre commerciale avec les États-Unis.

7. Parallèlement au tournant vers la guerre, la crise sociale et politique qui s’aggrave au cœur de l’ordre impérialiste aura pour effet de déstabiliser le monde entier. Comme l’a expliqué le SEP aux États-Unis dans la résolution de son Congrès 2024, «tout au long du XXe siècle, et en particulier au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont joué le rôle de garant ultime de la stabilité et de la survie du système capitaliste mondial. Ils sont désormais incapables de jouer ce rôle». L’impérialisme américain cherche agressivement à surmonter son déclin économique par l’agression militaire à l’échelle mondiale et le recours au protectionnisme et à la guerre commerciale. Pour les peuples opprimés du monde, cela signifie des guerres de conquête coloniale. Pour la Russie et la Chine, une escalade des conflits. Pour les puissances européennes, l’illusion a été brisée qu’elles pourraient oublier leurs divergences avec les États-Unis et profiter d’un rôle de partenaires subalternes en partageant le butin d’une nouvelle division impérialiste du monde.

8. Les bourgeoisies européennes répondent au programme de guerre et de guerre commerciale de Trump par une contre-offensive, chaque gouvernement envisageant d’augmenter ses dépenses militaires sous prétexte de pouvoir contrer de manière indépendante la «menace russe». La probabilité d’une augmentation massive des droits de douane américains et d’autres mesures protectionnistes a incité les gouvernements à planifier intensément des mesures de rétorsion en matière de guerre commerciale. La lutte mondiale pour les parts de marché a déjà conduit à une vague de pertes d’emplois et de fermetures dans l’automobile et d’autres industries clés. Mais les exigences de la guerre commerciale et de l’augmentation des dépenses militaires, ainsi que le danger d’une catastrophe économique mondiale, signifieront un assaut frontal contre la classe ouvrière d’une ampleur jamais vue depuis les années 1930.

Mobilisez la classe ouvrière contre le fascisme et la guerre

9. Un avertissement s’impose: l’Amérique n’est pas la seule à être confrontée au danger du fascisme. Mais ni Trump ni ses homologues européens ne peuvent imposer une dictature sans une opposition massive. Les États-Unis et l’Europe de 2024 ne sont pas l’Allemagne de Weimar, où Hitler est arrivé au pouvoir en janvier 1933 après d’énormes défaites de la classe ouvrière et avec le soutien d’une base fasciste de masse. Des batailles de classe explosives auront lieu. Les mêmes conditions qui donnent lieu à la guerre et alimentent la croissance de l’extrême droite fournissent la base d’une mobilisation systématique de la classe ouvrière dans une lutte politique contre le capitalisme mondial et ses gouvernements nationaux, fondée sur une perspective d’internationalisme socialiste.

10. Le recours à la guerre impérialiste et à l’autoritarisme est motivé par les contradictions insolubles du système capitaliste : celle entre l’économie mondiale et le système des États-nations, et celle entre la production socialisée et l’appropriation privée du profit. Mais la mondialisation a aussi considérablement renforcé le pouvoir social de la classe ouvrière internationale, à la fois numériquement et parce qu’une production réalisée à travers les frontières nationales a objectivement uni les travailleurs de tous les pays, qui sont désormais confrontés à des exploiteurs communs et dont le sort est inextricablement lié. Cette classe, la force sociale la plus puissante de la planète, est poussée à entrer en lutte contre le capital. Le mécontentement social et politique augmente à mesure que chaque domaine de la vie sociale est subordonné à la guerre et à la folie de profit des riches. Cela a déjà commencé à se manifester dans des vagues répétées de grèves, comme celles en Grande-Bretagne, en France, en Grèce, en Italie et dans les manifestations mondiales contre le génocide de Gaza.

11. Les attaques toujours plus brutales lancée par les élites dirigeantes contre les droits sociaux et démocratiques vont encore plus dynamiser la lutte des classes et fournir l’impulsion de la révolution sociale. Mais pour que les travailleurs réussissent, ils doivent se libérer de l’influence des forces dites de «gauche» qui ont présidé à la série de trahisons, de défaites et de capitulations qui ont renforcé la droite nationaliste. L’éruption primaire de l’opposition doit être armée d’une perspective anticapitaliste et internationaliste élaborée. Quelle que soit la détermination des travailleurs à affronter les attaques auxquelles ils sont confrontés en Grande-Bretagne, ou dans tout autre pays, quelle que soit leur indignation face aux crimes de l’impérialisme, il faut que ces luttes soient politiquement orientées et guidées par la compréhension que le fascisme et la guerre ne peuvent être arrêtés que par le développement d’un mouvement indépendant de la classe ouvrière contre la source de la réaction politique et de l’oligarchie: le système capitaliste.

12. L'avenir de l'humanité dépend de la construction de la direction révolutionnaire du Comité international de la Quatrième Internationale, parti mondial de la révolution socialiste, et de sa section britannique, le Parti de l'égalité socialiste. C'est seulement ainsi que la conscience politique des travailleurs avancés, surtout de la jeune génération, pourra être élevée au niveau requis pour une révolution qui mette fin à l'exploitation capitaliste et à la guerre impérialiste. Pour que la lutte pour le socialisme progresse, les luttes des travailleurs doivent être ancrées dans la stratégie internationaliste élaborée dans la théorie de la révolution permanente, formulée par Léon Trotsky au lendemain de la révolution de 1905 en Russie et développée au cours de la lutte lancée en 1923-1924 contre la bureaucratie stalinienne et sa répudiation nationaliste de l'internationalisme marxiste. Trotsky a insisté sur le fait que 1. dans tous les pays, la lutte pour la démocratie et sa défense ne pouvait être séparée de la lutte pour l'établissement du pouvoir ouvrier et la mise en œuvre d’une politique socialiste; et 2. la lutte pour le socialisme ne pouvait être menée que sur la base d’une stratégie internationale orientée vers la mobilisation globale de la classe ouvrière contre le système capitaliste mondial.

13. La lutte contre le fascisme, le génocide et la guerre doit être menée comme une offensive de la classe ouvrière contre l’impérialisme britannique, en alliance avec ses frères et sœurs de classe internationaux, surtout dans les centres impérialistes des États-Unis et d’Europe. Nous proposons comme principes d’un mouvement socialiste anti-guerre:

* La lutte contre la guerre doit être fondée sur la classe ouvrière internationale, la grande force révolutionnaire de la société. Les bureaucraties syndicales et le Parti travailliste ont travaillé avec acharnement pour empêcher toute expression indépendante des intérêts et des luttes de la classe ouvrière. Cela doit être contesté par une rébellion des travailleurs de la base, liant directement l’opposition à l’attaque sans précédent de leur niveau de vie à la lutte contre la guerre.

* La classe dirigeante ne peut pas faire la guerre à l’extérieur sans faire la guerre aux droits démocratiques et sociaux de la classe ouvrière à l’intérieur. C’est pourquoi l’opposition à la guerre est criminalisée partout. En Ukraine, le dirigeant de la jeunesse trotskyste Bogdan Syrotiuk a été arrêté parce qu’il s’est battu pour unifier contre la guerre les travailleurs en Russie et en Ukraine. Cela souligne que la lutte contre la guerre est indissociable de la lutte pour la défense des droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière.

* La lutte contre la guerre est une lutte contre le capitalisme et pour le socialisme. Il ne peut y avoir de lutte sérieuse contre la guerre et contre les atteintes aux droits démocratiques sans lutte pour mettre fin à la dictature du capital financier et au système économique qui est la cause fondamentale du militarisme et de la guerre.

* Cette lutte doit être menée dans une indépendance totale vis-à-vis de tous les partis bourgeois, et surtout, au Royaume-Uni, du Parti travailliste qui a soutenu la violence impérialiste tout au long d’une existence de plus d’un siècle.

* La lutte contre la guerre et le danger fasciste ne peut réussir qu’en tant que lutte internationale. Comme l’a déclaré le Comité international en 2016, «la guerre permanente de la bourgeoisie doit être combattue par la perspective d’une révolution permanente de la classe ouvrière, dont l’objectif stratégique est l’abolition du système des États-nations et l’instauration d’une fédération socialiste mondiale. Cela permettra le développement rationnel et planifié des ressources mondiales et, sur cette base, l’éradication de la pauvreté et l’élévation de la culture humaine à de nouveaux sommets ».

Pour les États socialistes unis d’Europe

14. Le mouvement socialiste pour lequel le SEP se bat au Royaume-Uni doit être axé sur la perspective des États socialistes unis d'Europe. L'Union européenne (UE) des banques et de la grande entreprise est une alliance de criminels de guerre sanguinaires, de milliardaires implacables et de leurs fonctionnaires, déterminés à entraîner le continent plus profondément dans un conflit mondial désastreux, à détruire les emplois, les salaires et les droits sociaux de millions de personnes pour financer la guerre commerciale et militaire tout en éliminant les droits démocratiques comme le droit d'asile et la libre circulation des personnes. Contre cela, les travailleurs européens, surtout les travailleurs russes et ukrainiens, doivent s'unir dans une lutte commune contre la guerre et la classe capitaliste. Mettre fin aux divisions nationales qui ont déchiré à deux reprises le continent et ses peuples, au prix de dizaines de millions de vies, et qui menacent de le faire à nouveau, nécessite l'unification progressiste de la société européenne, qui n'est possible que par le renversement du capitalisme. Le Socialist Equality Party et nos partis frères européens, le Parti de l'égalité socialiste en France, le Sozialistische Gleichheitspartei en Allemagne et le Sosyalist Eşitlik Grubu en Turquie, avec tous nos co-penseurs du CIQI, fournissent le programme et la direction nécessaires à la réalisation d’une offensive soutenue et coordonnée de la classe ouvrière européenne.

La lutte contre l'austérité et la guerre est la lutte contre le gouvernement travailliste de Starmer

15. S’opposer au Parti travailliste en tant que parti de la guerre est l’axe fondamental sur lequel la classe ouvrière doit fonder ses luttes. En acceptant que l’Ukraine tire des missiles de croisière Storm Shadow sur le territoire russe, Starmer a fait une déclaration de guerre de facto et a placé le peuple britannique sous la menace directe de représailles russes. Le Parti travailliste lance sans cesse des appels obséquieux à Trump et aux Républicains pour éviter une guerre commerciale totale avec l’Europe ; il continue de soutenir la guerre des Démocrates en Ukraine, tout en poursuivant le rôle de provocateur en chef de la Grande-Bretagne ; il promet en échange qu’il poussera les pouvoirs de l’UE à contribuer davantage à l’effort de guerre impérialiste. Cela est essentiel pour que l’impérialisme britannique puisse projeter ses propres ambitions prédatrices mondiales.

16. La guerre nécessite la réaction sociale sur toute la ligne. Le gouvernement travailliste de Starmer traduit un changement des formes de domination de classe dans le monde. Il gouverne dans l’intérêt direct de l’oligarchie financière. Le gouvernement Starmer a été forgé au cours d’une campagne de six ans de purges massives contre les membres du parti sous le nom de code «Opération Icepick», des milliers de partisans de l’ex-leader travailliste Jeremy Corbyn étant qualifiés d’antisémites et expulsés ou chassés du parti – purges rendues possibles par la lâcheté et la complicité de Corbyn même. Arrivé au pouvoir en tant que « parti de l’OTAN», du sionisme et de la défense du génocide israélien, ce gouvernement travailliste est le plus à droite de l’histoire britannique d’après-guerre. Sa défense du génocide et de la guerre s’accompagne d’autoritarisme dans le pays et de la prétention à être « le gouvernement le plus pro-business que ce pays ait jamais connu». Cela se traduit par un programme de coupes budgétaires brutales et d’augmentations d’impôts frappant les salaires des travailleurs et atteignant déjà 22 milliards de livres, qui dévastera la vie de millions de gens; par des attaques contre le NHS (Service national de santé) et d’autres travailleurs du secteur public traités d’opposants à «l’efficacité»; et par la fin de la « facture exorbitante des prestations sociales qui gangrène notre société». Le Parti travailliste intensifie les mesures répressives visant les manifestations contre le génocide de Gaza en étendant la chasse aux sorcières des adversaires du sionisme, commencée quand Jeremy Corbyn dirigeait le Parti travailliste, aux universitaires, aux militants étudiants et aux journalistes indépendants. L’offensive anti-migrants du gouvernement a vu Starmer fustiger les conservateurs d’avoir mené une «expérience délibérée d’ouverture des frontières». Cela apporte non seulement de l’eau au moulin de toutes les figures d’extrême droite, de Nigel Farage à Tommy Robinson; le programme du Parti travailliste est en fait tout aussi à droite que le parti Reforme de Farage sur l’immigration et à la droite de Farage lorsqu’il s’agit de mener l’agression de l’OTAN contre la Russie. La classe ouvrière est sur un cours de collision avec le gouvernement travailliste de Starmer.

La lutte politique menée par le Parti de l'égalité socialiste

17. La classe ouvrière se trouve en territoire inconnu et aucune des anciennes méthodes de lutte ne suffira. Tout dépend de la libération des travailleurs de l’emprise des directions syndicales et du Parti travailliste, qui exercent encore une influence néfaste sur une classe ouvrière déconnectée du marxisme et de ses propres traditions de lutte de classe. Reforger ces liens signifie une rupture politique et organisationnelle d’avec le Parti travailliste et la bureaucratie syndicale, en dépit des efforts combinés des groupes de la pseudo de gauche pour s’opposer à une telle rupture. Des leçons essentielles doivent être tirées des conflits explosifs des deux dernières années, au cours desquels le SEP est intervenu pour doter la classe ouvrière d’une perspective révolutionnaire fondée sur le programme historique du trotskysme.

18. Après des décennies de répression de la lutte des classes par les syndicats, dans un contexte d’inflation sans précédent depuis une génération, après une décennie d’austérité et une pandémie où beaucoup de travailleurs ont été cyniquement salués comme ‘travailleurs essentiels’, une vague de grèves a eu lieu – dans le cadre d’une éruption de grèves en Europe et à l’international. Entre juin 2022 et janvier 2024, plus de cinq millions de journées ont été perdus du fait de grèves au Royaume-Uni, exprimant la colère refoulée envers un gouvernement conservateur détesté qui avait présidé à des années d’austérité brutale. La haine des conservateurs a été aggravée par la sortie économiquement désastreuse de l’UE, leur attaque féroce des demandeurs d’asile, leur implication dans les guerres de Libye et de Syrie et l’occupation continue de l’Afghanistan et de l’Irak, ainsi que par la politique du Premier ministre Boris Johnson de laisser la pandémie de COVID ravager la société, conduisant à un meurtre de masse. La profonde colère sociale a alimenté une vague de grèves qui a touché les travailleurs de certains des secteurs les plus cruciaux de la société comme les transports, la santé, l’éducation, la collecte des déchets, les postes et les télécommunications, la grande distribution et la logistique, et qui aurait pu être le début d’une riposte majeure de la classe ouvrière britannique contre l’oligarchie des super-riches. L’appel à la grève générale a suscité une large sympathie.

La trahison de la vague de grèves par la bureaucratie syndicale

19. Le SEP est intervenu pour combattre le rôle de la bureaucratie syndicale en tant que gendarme pour les trusts et l’État. Nous avons insisté pour que la classe ouvrière forme des comités de la base pour organiser les travailleurs indépendamment et contre la bureaucratie syndicale et pour ouvrir une nouvelle voie à la lutte de classe, centrée sur l’unification des travailleurs britanniques avec leurs frères et sœurs de classe à l’international, en opposition au nationalisme économique pro-capitaliste de la bureaucratie. Cette lutte ne pouvait pas être menée uniquement sur la base du militantisme syndical. La préparation systématique d’une grève générale devait avoir pour objectif de renverser le gouvernement conservateur et de lutter pour construire une direction socialiste d’alternative au Parti travailliste. Surtout, le SEP a insisté sur le fait que l’enjeu central auquel la classe ouvrière était confrontée était la mobilisation de sa force collective contre la guerre, en conjuguant mobilisation systématique d’une grève générale et revendication d’élections générales pour renverser un gouvernement conservateur sous le choc de la démission forcée de Johnson en juillet 2022 suite au scandale du «Partygate».

20. La déclaration, «La nécessité d’élections générales: démasquez la conspiration des conservateurs et des travaillistes pour entraîner la Grande-Bretagne dans une troisième guerre mondiale», publiée le 17 juillet 2022, s’opposait aux efforts de Mick Lynch et d’autres bureaucrates syndicaux «de gauche» pour garantir une transition ordonnée vers un gouvernement travailliste en s’opposant à une lutte pour faire tomber les conservateurs et en exhortant les travailleurs à attendre l’opportunité de voter pour Starmer. La déclaration affirmait :

Nous lançons cet appel pour mettre en lumière les problèmes qui sous-tendent la crise actuelle: 1. L’escalade incessante de la guerre contre la Russie, au point même de risquer une guerre nucléaire; 2. Le refus criminel d’arrêter la transmission sans fin du virus Sars-CoV-2 permettant ainsi des infections et des morts en masse; et 3. L’assaut impitoyable contre le niveau de vie et les droits démocratiques de la classe ouvrière…

La revendication du SEP d'organiser des élections générales n'implique pas le moindre soutien au Parti travailliste, ni à une solution parlementaire inexistante. En cas d'élections, nous n'appellerons pas à voter pour le Parti travailliste. Nous avertirons les travailleurs que le Parti travailliste est leur ennemi et qu'il doit être combattu avec autant de détermination que les conservateurs.

Nous utiliserons les élections générales pour plaider en faveur de grèves, de manifestations de masse et de l’organisation d’une grève générale pour arrêter la guerre, forcer l’adoption d’une politique zéro COVID et développer le soutien pour une alternative socialiste au capitalisme.

21. L’avertissement du SEP que si les travailleurs ne reprenaient pas le contrôle de leur destin à la bureaucratie, la résurgence de la lutte des classes serait trahie, s’est avéré exact. Le résultat a été que le travailleur moyen était payé à la fin de 2023 pratiquement la même chose en termes réels qu’en 2010, les 40 pour cent les plus pauvres gagnant moins – jusqu’à 17 pour cent de moins pour le dixième le plus pauvre. Plus d’un enfant sur trois et un quart des adultes vivent dans la pauvreté alors que le degré de privation atteint son niveau le plus haut du XXIe siècle. Cela représente 16 millions de personnes, dont plus de 5 millions d’enfants, et la crise du coût de la vie a plongé depuis 2019 deux millions de gens de plus. Les conséquences peuvent être constatées dans le taux record de maladies longue durée, les listes d’attente du NHS, les retards dans l’entretien des écoles et des hôpitaux, les 3 millions de personnes dépendant des banques alimentaires et le nombre croissant de personnes déclarant avoir du mal à chauffer leur maison, à allumer l’électricité et à nourrir leur famille. La suppression de la lutte des classes a également permis un enrichissement sans précédent de l’oligarchie. On compte aujourd’hui 165 milliardaires au Royaume-Uni et la richesse moyenne des 10 personnes les plus riches est de 21 milliards de livres, soit une augmentation de près de 50 pour cent en cinq ans. Et la richesse totale des 350 personnes et familles les plus riches est de 795 milliards de livres, soit plus que le PIB annuel de la Pologne. La fortune des 20 personnes les plus riches a plus que doublé dans la dernière décennie.

La guerre, le génocide et l’élection du gouvernement travailliste de Starmer

22. La répression des luttes ouvrières a été essentielle pour faciliter non seulement l’accumulation continue de vastes richesses au sommet de la société, mais aussi les efforts de l’oligarchie financière pour garantir les intérêts impérialistes de la Grande-Bretagne par le biais d’une alliance politique et militaire avec Washington. Cela est d’autant plus important que le Brexit a sapé l’utilité économique et politique de Londres pour les États-Unis en tant que voix en Europe et contrepoids à l’Allemagne et à la France. La Grande-Bretagne a fidèlement soutenu chaque mesure d’escalade en Ukraine sous la direction de Johnson et sa démission forcée a déclenché une course à la direction du pays dominée par d’anciens militaires et remportée par la belliciste enragée Liz Truss. Mais elle aussi a été rapidement destituée sous la pression des marchés mondiaux pour avoir annoncé des réductions d’impôts non financées, et son remplaçant, Rishi Sunak, a été incapable d’endiguer la croissance de l’opposition sociale et politique à l’austérité et à la guerre. L’élite dirigeante britannique et Washington considèrent donc que le Parti conservateur est incapable de mener l’impérialisme britannique dans une tempête géopolitique croissante, en particulier face à l’éruption d’une opposition massive au génocide israélien de Gaza.

23. Ce n’est qu’une fois la vague de grèves réprimée que la classe dirigeante a pu enfin se mobiliser pour remplacer les conservateurs profondément divisés, dirigés par pas moins de cinq premiers ministres honnis depuis 2016, sans risquer une intervention de la classe ouvrière. Sunak a été contraint d’organiser des élections générales anticipées pour le 4 juillet malgré une défaite certaine, insistant pour dire que le problème central auquel la Grande-Bretagne était confrontée était la nécessité de combattre «un axe d’États autoritaires comme la Russie, l’Iran, la Corée du Nord et la Chine». Starmer a lancé la campagne électorale travailliste «pays d’abord, parti ensuite» après avoir déclaré sa détermination à faire la guerre à la Russie et à défier la Chine. Les références politiques le recommandant à la bourgeoisie s’incarnaient dans son soutien au «droit à l’autodéfense» d’Israël et dans sa dénonciation des manifestants antisionistes comme des extrémistes. Il a déclaré avant les élections: «L’ère de l’après-guerre est terminée […] Ce Parti travailliste est totalement engagé en faveur de la sécurité de notre nation. De nos forces armées. Et, surtout, de notre dissuasion nucléaire ».

La campagne électorale du SEP

24. Le Parti de l’égalité socialiste a présenté Thomas Scripps contre Starmer dans la circonscription de Holborn et St Pancras, et Darren Paxton à Inverness, Skye et West Ross-shire, sur un manifeste déclarant: «Non au génocide de Gaza et à la guerre de l’OTAN contre la Russie! Luttons pour une alternative socialiste au Parti travailliste de Starmer! Construisons un mouvement socialiste anti-guerre!» Il a appelé à ce que l’opposition de masse au génocide des Palestiniens de Gaza par Israël devienne «le fer de lance d’une lutte politique contre les objectifs de guerre plus larges du Royaume-Uni, des États-Unis et des autres puissances impérialistes de l’OTAN» et à la construction d’un nouveau mouvement anti-guerre par «une rupture irrévocable d’avec le Parti travailliste». Nous avons rejeté le mensonge selon lequel un vote pour le Parti travailliste était un vote pour un «moindre mal» comparé aux conservateurs, les définissant tous deux comme «un seul parti de la guerre» :

Starmer s’oriente vers la classe dirigeante sachant qu’il peut s’appuyer sur ses alliés de la bureaucratie syndicale pour faire la police dans la classe ouvrière et la trahir, et imposer les diktats des grands trusts et des banques. Il peut citer comme preuve le rôle joué par la bureaucratie syndicale dans le sabotage de la vague de grèves de 2022-2023 qui a touché à son point culminant deux millions de travailleurs.

25. Le SEP s’est opposé aux appels de la Stop the War Coalition et des groupes de pseudo-gauche qui souhaitaient limiter l’opposition au Parti travailliste à un vote pour une douzaine de candidats anti-génocide menés par Jeremy Corbyn, en plus de votes travaillistes partout ailleurs. Cela aboutirait, avons-nous averti, «à la formation d’un gouvernement qui continuera à soutenir Israël et à mener les guerres de l’OTAN». Notre campagne s’est concentrée sur deux questions politiques centrales pour la mobilisation politique de la classe ouvrière en faveur du socialisme: l’échec politique des manifestations contre le génocide de Gaza et du mouvement anti-guerre plus large, et l’impasse représentée par le corbynisme et l’appel à former un Parti travailliste bis.

Les leçons du mouvement anti-guerre et des manifestations pour Gaza

26. Les manifestations de masse contre le génocide de Gaza ont mobilisé des millions de personnes, se sont poursuivies pendant toute une année et ont vu des occupations de campus exprimant la radicalisation d’une génération de jeunes. Mais ces manifestations n’ont pas réussi à mettre un terme au génocide et aux attaques contre les droits démocratiques. Elles ont été dominées par la Campagne de solidarité avec la Palestine et la Coalition Stop the War, un amalgame de tendances pseudo de gauche qui défendent une perspective articulant les intérêts d’une couche de la petite bourgeoisie effrayée par la menace de guerre, mais hostile à une lutte indépendante de la classe ouvrière contre cette menace. Premièrement, elles ont limité les manifestations à des tentatives de pression sur la classe dirigeante britannique et les gouvernements qui sont les principaux facilitateurs du génocide, pour qu’ils appellent à un cessez-le-feu. Deuxièmement, elles ont séparé le génocide de Gaza de la guerre en Ukraine et de l’histoire des décennies de guerres menées par l’impérialisme britannique, surtout en alliance avec les États-Unis. Cela a sapé la compréhension que la cause profonde du génocide de Gaza ne résidait pas dans les choix faits par des gouvernements ou des politiciens individuels, mais dans la crise objective du capitalisme mondial et dans un nouveau partage impérialiste du monde. Non seulement en Grande-Bretagne mais dans tous les pays, les appels à la classe dirigeante et à ses institutions, y compris les Nations Unies et ses organismes, n’ont abouti qu’à des critiques futiles ignorées par Israël et ses soutiens impérialistes.

27. Les partisans d’une victoire militaire de la Russie ou du développement d’une alliance multipolaire d’États, menée par la Chine comme contrepoids à l’impérialisme américain, ont tout autant fait banqueroute. Cela comprend le Parti des travailleurs de George Galloway ou la Bund Sarah Wagenknecht en Allemagne. Cette perspective est liée à des appels à une alliance politique de «gauche et de droite», adressés à des partisans fascistes de Trump comme Steve Bannon, contre les guerres qui ne servent pas les intérêts exclusifs de leur propre impérialisme national. Il n’y a absolument rien d’anti-impérialiste dans l’«Opération militaire spéciale» lancée par le président Vladimir Poutine dans l’intérêt des oligarques capitalistes russes arrivés au pouvoir grâce à la dissolution de l’Union soviétique en 1991 et à la privatisation et au pillage des biens de l’État, nationalisés par la révolution d’Octobre 1917. Pendant des années, le gouvernement Poutine a agi dans une perspective nationaliste «grand-russe» en se fondant sur la conviction que l’impérialisme américain permettrait à la bourgeoisie russe d’avoir sa part de l’économie mondiale et d’exploiter sans entrave de vastes ressources naturelles. Au lieu quoi, la Russie a dû faire face à l’expansion constante de l’OTAN vers l’est, jusqu’à ses frontières, dont la prise de contrôle politique de l’Ukraine par le coup d’État du Maïdan en 2014, désormais exercé par le régime Zelensky soutenu par les fascistes. L’invasion de l’Ukraine par Poutine a été une tentative désastreusement mal calculée de faire pression sur Washington pour qu’il recule et reconnaisse les intérêts nationaux du capitalisme russe.

28. Soutenir le chauvinisme russe de Poutine est une trahison politique de la classe ouvrière russe, ukrainienne et internationale, et un cadeau politique aux apologistes de l’OTAN. Une opposition socialiste à la guerre de l’OTAN exige une lutte pour unifier les travailleurs russes et ukrainiens contre Poutine et Zelensky. Prétendre que la Chine supplantera pacifiquement les États-Unis revient à semer la même désorientation et la même passivité. La tâche à accomplir est de mobiliser systématiquement la classe ouvrière contre la guerre en cours à l’échelle modiale, dans une perspective de révolution socialiste mondiale, et non de parier sur qui la gagnera. Si la classe ouvrière n’avance pas sa propre solution socialiste à la crise, la solution de la classe dirigeante, l’agression impérialiste et la dictature, lui sera imposée.

Non au corbynisme et à l’appel à un Parti travailliste bis

29. Pendant les élections léislatives et après, la formation d’un nouveau parti dirigé par Corbyn a été présentée comme un moyen de combattre le programme de génocide, de guerre et d’austérité du gouvernement Starmer. C’est là un chemin vers la défaite politique. Ceux qui prônent un leadership de Corbyn contre le parti de Starmer doivent éviter de faire référence à son bilan d’échec lamentable dans la lutte contre les blairistes. Le SEP a mené une lutte déterminée contre les illusions semées dans le corbynisme pendant les élections législatives, expliquant que Starmer n’est devenu chef du Parti travailliste que parce que Corbyn a bloqué les demandes des travailleurs et des jeunes de chasser les blairistes et a capitulé sur toutes les questions fondamentales. Cela inclut l’adhésion à l’OTAN, les armes nucléaires et le mensonge de «l’antisémitisme de gauche». Dans une polémique contre Andrew Feinstein, partisan de Corbyn, le SEP a insisté sur le fait que l’échec du corbynisme à monter une opposition viable à l’évolution vers la droite du Parti travailliste n’était pas simplement le résultat d’un mauvais dirigeant:

Le développement de la production transnationale et l’intégration mondiale de la finance et de l’industrie manufacturière ont considérablement miné la viabilité des anciens syndicats et des partis staliniens et sociaux-démocrates qui étaient ancrés dans le système de l’État-nation, auquel ils ont tous répondu en abandonnant leurs anciens programmes réformistes.

30. Corbyn a joué le même rôle de gendarme de l’opposition au Parti travailliste pendant les élections législatives que lorsqu’il était chef du parti, se présentant comme indépendant à Islington North seulement après avoir été éjecté du parti et menant une campagne très circonscrite et locale. La victoire électorale de Starmer a été rendue possible par Corbyn qui a fait en sorte qu’aucun parti de masse ne se forme à gauche du Parti travailliste ; cela a entrainé un gouvernement qui n’a obtenu que 33,8 pour cent des voix au niveau national – un record pour un gouvernement élu – après une hémorragie de soutien dans les banlieues ouvrières et parmi les jeunes et les populations musulmanes. Un article de perspective du WSWS « Construisez l’opposition socialiste au gouvernement de droite de Starmer!» le résumait ainsi:

Une fois de plus, Corbyn a étouffé le potentiel d’un mouvement de masse contre le Parti travailliste. En battant Praful Nargund, du Parti travailliste, remportant 50 pour cent de voix de plus, il aurait pu lancer un mouvement national contre les candidats du Labour chez les travailleurs et les jeunes qui, au lieu de cela, ont voté contre les conservateurs et à contrecœur pour Starmer, se sont tournés vers un éventail disparate d’indépendants et de Verts, ou se sont abstenus.

Corbyn a choisi de ne pas le faire, car l’alpha et l’oméga de sa politique sont d’empêcher tout conflit entre la classe ouvrière et son cher Parti travailliste, une organisation qui trahit depuis plus d’un siècle les luttes et les aspirations des travailleurs. Il garde un soutien parmi ses partisans pour cette position en s’appuyant sur le pragmatisme de la politique électorale et sur le cynisme à l’égard de la possibilité de renverser le capitalisme.

Il faut mettre un terme à ces conceptions débilitantes. Elles jouent un rôle bien plus important dans le maintien au pouvoir des Starmer de ce monde que n’importe laquelle de leurs propres forces inexistantes.

31. En réponse à un reportage du 15 septembre sur des discussions en coulisses concernant d’éventuels projets de lancement d’un nouveau parti sous la direction de Corbyn, le SEP a expliqué qu’il s’agirait d’un «amalgame sans principes de divers groupes travaillistes et pseudo de gauche en faillite, qui, il y a quelques semaines à peine, faisaient tous campagne pour une victoire du Parti travailliste et s’appuyaient sur un programme minimal de réformes qui n’a pas encore été approuvé. Et il sera dirigé par quelqu’un qui est tellement attaché au Parti travailliste qu’il hésite encore à s’en séparer complètement après avoir été poursuivi pendant des années, faussement accusé d’antisémitisme, puis expulsé de ses rangs ». Le SEP a noté comment:

La classe ouvrière a déjà fait l’expérience amère du type de parti d’alternative de «gauche large» que prônent les partisans pseudo de gauche de Corbyn: non pas les projets ratés qu’ils citent au Royaume-Uni, comme Respect et Left Unity, mais des formations ayant réussi à former des gouvernements – Syriza en Grèce et Podemos en Espagne. Portées par les mêmes forces sociales et construites par des tendances staliniennes et pseudo de gauche, leurs trahisons en imposant l’austérité à la classe ouvrière et en menant la guerre au nom de l’impérialisme de l’OTAN se sont soldées par le désastre et l’effondrement…

La motivation essentielle de ceux qui sont impliqués dans les discussions sur le «nouveau parti» est de contrôler l’inévitable confrontation qui se développe entre le gouvernement Starmer et la classe ouvrière, d’empêcher une explosion sociale et de confiner les travailleurs à une lutte parlementaire pour l’élection de quelques candidats de protestation.

Le danger de l'extrême droite et comment le combattre

32. Les émeutes anti-immigrés qui ont éclaté en Grande-Bretagne le 30 juillet, culminant avec l’incendie par des bandes fascistes d’hôtels pour demandeurs d’asile le 4 août, se sont produites deux ou trois semaines seulement après les élections générales du 4 juillet, que le Parti travailliste avait menées en promettant de «stopper les bateaux» transportant des migrants à travers la Manche. Lors de ces élections, le parti anti-immigré Reform UK a remporté 14 pour cent des voix, arrivant en deuxième position dans 98 circonscriptions, 89 le plaçant en deuxième position derrière le Parti travailliste dans les bastions du parti. Ces deux événements sont le résultat de l’atmosphère toxique de nationalisme et de xénophobie créée au fil des décennies par les gouvernements successifs travaillistes et conservateurs et du désespoir social engendré par l’austérité sans fin exploitée par l’extrême droite. La déclaration du 4 août «Émeutes d’extrême droite en Grande-Bretagne: les enjeux de classe» expliquait :

Les évolutions en Grande-Bretagne reflètent les processus mondiaux. Aux États-Unis, il y a la perspective d’une présidence fasciste dirigée par Donald Trump. En France, le Rassemblement national de Marine Le Pen est devenu une force politique majeure, tandis qu’en Allemagne, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) gagne du terrain. Des gouvernements d’extrême droite sont au pouvoir en Italie, en Hongrie et en Finlande.

De tels mouvements, cultivés depuis des décennies, sont le résultat du virage ouvert de la classe dirigeante vers le militarisme, la guerre et l’austérité.

33. S’opposer à l’extrême droite implique donc non seulement la défense nécessaire des immigrés et des musulmans contre la violence instiguée par des voyous fascistes comme Tommy Robinson et encouragée par Farage, mais surtout une lutte contre le gouvernement travailliste de Starmer, ses alliés de la bureaucratie syndicale et leur programme d’austérité et de guerre. «Des manifestations de masse éclatent contre l’extrême droite britannique: la voie à suivre», publié le 8 août, aborde la perspective politique avancée par les apologistes du Parti travailliste dans la pseudo-gauche, regroupés autour de Stand Up To Racism (SUTR). Les appels de SUTR à un «Front uni» de toutes les «forces démocratiques» contre le fascisme, dirigé par la «gauche» travailliste et les syndicats, empêchent toute action contre les causes profondes de la montée de l’extrême droite:

Une telle alliance exclut toute lutte visant à unifier tous les travailleurs, britanniques et immigrés, dans une lutte contre le système de profit capitaliste, qui est la cause profonde du nationalisme et de la xénophobie.

Elle exclut également tout appel à régler les comptes politiques avec le gouvernement travailliste de Starmer, ou avertissement que son introduction de mesures répressives ne fera que renforcer l’appareil d’État sur lequel il doit finalement s’appuyer pour contrôler le mécontentement croissant de la classe ouvrière.

La lutte contre la pandémie de COVID

34. Le Parti de l’égalité socialiste continue de sensibiliser les travailleurs aux dangers posés par le COVID-19 et de s’opposer à la politique socialement criminelle du «laisser-sévir» menée par la classe dirigeante et ses gouvernements. Johnson fut méprisé par des millions de personnes suite à son interjection obscène de l’automne 2020, «Plus de putains de confinements! Que les cadavres s’entassent par milliers.» Mais la politique de Johnson a été adoptée par le Parti travailliste, les Libéraux-démocrates et tous les grands partis. L’élite dirigeante a déclaré la fin de la pandémie, abandonnant toutes les mesures de santé publique en place. Cela a été facilité par les syndicats qui ont permis que les travailleurs soient poussés dans des lieux de travail dangereux, et par l’alliance du Parti travailliste avec les conservateurs sur la politique du «retour au travail» et la réouverture prématurée des écoles. Pour la classe dirigeante, ce que «vivre avec le virus» signifie vraiment, c’est que rien ne peut interférer avec le cumul des profits des trusts, quel qu’en soit le coût pour la santé et la vie de la population.

35. En conséquence, le nombre officiel de décès dus au COVID-19 au Royaume-Uni est d’environ 15 000 par an et le total global approche le quart de million. La dernière vague est alimentée par le variant XEC, qui entraîne une augmentation des hospitalisations. Et personne ne sait quand une mutation encore plus facilement transmissible ou mortelle apparaîtra – rien n’est en place pour lutter contre une telle évolution. Aux décès s’ajoute le terrible impact du COVID long. On estime que jusqu’à 2 millions de personnes souffrent de cette maladie au Royaume-Uni, entraînant fatigue, essoufflement et déficience cognitive à long terme. Selon les estimations, environ 10 pour cent de toutes les personnes qui contractent le COVID-19 souffrent de COVID long et la prévalence, comme la mortalité, est étroitement liée à la pauvreté et à des taux de vaccination plus faibles.

L’effondrement du climat et de l'écologie de la Terre

36. La pandémie n’est qu’une manifestation du fait qu’une relation durable et saine entre l’humanité et le monde naturel est incompatible avec le système de marché, la recherche du profit et l’accumulation incessante de capital. L’énorme empreinte environnementale de ces activités – de la pollution au carbone à l’utilisation des terres – augmente massivement le taux de développement des maladies zoonotiques, la propagation territoriale des agents pathogènes existants et la gravité et la portée géographique des phénomènes météorologiques extrêmes tels qu’inondations, tempêtes, sécheresses et vagues de chaleur, avec des effets dévastateurs sur la santé humaine et la production alimentaire. Le gouvernement britannique, comme tous les gouvernements impérialistes, n’a pas l’intention de prendre les mesures nécessaires pour éviter cette catastrophe, notamment une économie planifiée, un démantèlement rapide des infrastructures et de la production alimentées par les combustibles fossiles et leur remplacement par des services publics et des équipements à la fois plus durables, accessibles et démocratiques. Les grands trusts britanniques du secteur des combustibles fossiles comme BP et Shell, qui ont récolté des dividendes records ces dernières années grâce aux retombées des guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, ont abandonné même le semblant d’une action sur le changement climatique. Le véritable plan climatique de la classe dirigeante impérialiste consiste à faire subir aux plus pauvres du monde, en particulier dans les pays opprimés d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie du Sud et du Sud-Est et des îles du Pacifique, les conséquences de la surexploitation effrénée par l’oligarchie financière et industrielle des ressources de la planète valant des milliers de milliards de dollars. Le « capitalisme vert» est une imposture impossible. La seule force sociale capable de résoudre la catastrophe climatique et environnementale mondiale créée par le capitalisme est la classe ouvrière internationale.

L'Alliance ouvrière internationale des comités de base et la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière

37. Le Comité international de la Quatrième Internationale a lancé en 2021 la formation de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base (acronyme en anglais, IWA-RFC) pour établir le cadre de nouvelles formes d’organisations indépendantes, démocratiques et militantes de travailleurs à l’échelle internationale. Correspondant au caractère mondial de la classe ouvrière, elle représente le moyen par lequel les travailleurs du monde entier peuvent partager des informations et organiser une lutte unie contre les sociétés transnationales. La lutte nécessaire de la base contre les bureaucraties syndicales nationalistes et pro-capitalistes prend encore plus d’importance sous un gouvernement travailliste. Au cœur du discours de Starmer adressé à la classe dirigeante se trouvait sa promesse de former un nouveau Conseil de stratégie industrielle et de mettre en place «un véritable partenariat entre le gouvernement, les entreprises et les syndicats», exhortant les chefs d’entreprise à reconnaître que l’approche conflictuelle du gouvernement conservateur sortant, comme la législation limitant fortement les grèves dans les industries clés, était contreproductive – comme le prouve le fait que ce sont finalement les dirigeants syndicaux qui ont réprimé les grèves et non la mobilisation de l’État.

38. La déclaration du comité de rédaction du WSWS du 6 janvier «La classe ouvrière, la lutte contre la barbarie capitaliste et la construction du Parti mondial de la révolution socialiste» fait cet avertissement politique:

Il existe encore un immense fossé entre le stade avancé de la crise objective et la compréhension subjective de cette crise et de ses implications politiques dans la conscience de la classe ouvrière. Ce fossé se manifeste avant tout par la domination continue des luttes ouvrières par les bureaucraties syndicales réactionnaires pro-impérialistes et leurs alliés dans les organisations sociales-démocrates, ex-staliniennes et diverses formations pseudo de gauche petite-bourgeoises.

Dans un pays après l’autre, les luttes des travailleurs ont été étranglées par l’appareil syndical pro-entreprise et nationaliste, et les manifestations de masse ont été étouffées et réprimées par diverses organisations de gauche et de pseudo-gauche qui fonctionnent comme une partie de l’establishment politique.

39. Cette déclaration rattache ces trahisons au rôle objectif joué par l’ensemble de la bureaucratie syndicale – une clique conservatrice dirigée par des secrétaires généraux confortablement installés dans la classe moyenne supérieure, opposés à la confrontation de classe et hostiles aux intérêts des travailleurs qu’ils prétendent représenter – et dans la dégénérescence corporatiste des syndicats telle qu’elle est analysée par Trotsky dans son ouvrage Les syndicats à l’époque de la décadence de l’impérialisme, où il définit comme «aspect commun du développement, ou plus exactement de la dégénérescence, des organisations syndicales modernes dans le monde entier... leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’État ». Des décennies plus tard, la dégénérescence corporatiste identifiée par Trotsky a pris des proportions si monstrueuses que les organisations actuellement qualifiées de « syndicats» n’ont, en pratique, aucun rapport avec la signification historique du terme. La tâche des sections du Comité international, concluait la déclaration, «est d’aider la classe ouvrière à préparer une insurrection à grande échelle de la base contre les bureaucraties syndicales, à développer de nouvelles formes d’organisation militante de la base dans les usines et les lieux de travail auxquelles tout le pouvoir de décision sera transféré.»

40. Le travail du SEP en Grande-Bretagne pour établir le Comité de base des travailleurs des postes (PWRFC) montre l'immense potentiel de mobilisation sociale et politique indépendante de la classe ouvrière. Au milieu de la vague de grèves en Grande-Bretagne, une partie importante des travailleurs a commencé une rébellion contre la bureaucratie du syndicat Communication Workers Union (CWU) et s'est tournée vers le SEP et le World Socialist Web Site pour trouver une direction. Des centaines de travailleurs ont envoyé des rapports dénonçant la bureaucratie du CWU et demandant le rejet de son accord pro-entreprise avec Royal Mail, négocié par l'organisme d'arbitrage ACAS grâce à l'intervention de Lord Falconer, du Parti travailliste. Le comité de la base PWRFC est devenu un point focal de l'opposition à la trahison du CWU, publiant des déclarations des travailleurs des postes et des révélations opportunes sur toutes les questions centrales du conflit et traçant une voie de lutte.

41. Le travail de l’Alliance ouvrière internationale de comités de base, en s’opposant aux attaques contre les emplois, les salaires et les conditions de travail, exige que la classe ouvrière se tourne vers la lutte politique. Les attaques sur les lieux de travail sont motivées par un programme de guerre commerciale et militaire de la classe dirigeante, associé à des évolutions vers des formes de gouvernement toujours plus autoritaires. Cela ne peut être combattu qu’en mobilisant les travailleurs dans le mouvement anti-guerre et en défendant les droits démocratiques, y compris ceux des travailleurs migrants et des étudiants.

La défense du trotskysme et la lutte pour la construction d'une direction révolutionnaire

42. Un processus de radicalisation de masse est en cours, en particulier parmi les étudiants et les jeunes, centré sur l’opposition au génocide de Gaza mais s’étendant bien au-delà. Mais ce processus doit devenir un mouvement politiquement conscient en faveur du socialisme. La tâche principale du SEP (Parti de l’égalité socialiste) est donc de reconnecter le sentiment socialiste et anti-impérialiste des travailleurs et des jeunes à l’héritage politique et théorique du trotskysme, représenté depuis 1953 par le Comité international de la Quatrième Internationale. Le SEP doit faire revivre la conception marxiste de classe comme essentielle à toute compréhension du monde et à la lutte pour le changer, en particulier sur les campus en construisant l’International Youth and Students for Social Equality (IYSSE, Internationale des Jeunes et Etudiants pour l’égalité sociale). Cela se fait en opposition aux remèdes antimarxistes du postmodernisme, une forme d’idéalisme subjectif dont le but principal est de nier le rôle révolutionnaire de la classe ouvrière, et à la politique d’identité, qui affirme que la race, le genre et la sexualité, par opposition à la classe, sont les principales divisions dans la société. La promotion de telles idéologies divise la classe ouvrière tout en justifiant l’avancement social des couches privilégiées dans le cadre du système de profit et de ses institutions.

43. Dans un article sur la fondation de la Socialist Labour League (SLL), prédécesseur du SEP au Royaume-Uni, en 1959, le comité de rédaction de son journal The Newsletter expliquait :

Le marxisme n’est pas seulement une théorie, mais une théorie de l’action humaine, et en premier lieu de la lutte des classes. Etre marxiste, ce n’est donc pas seulement étudier, mais étudier pour être mieux équipé pour lutter et travailler pour le compte de la classe ouvrière.

Un article de Labour Review, l’organe théorique de la SLL, en réponse aux premiers écrits de la «Nouvelle Gauche», argumentait à l’époque:

Il n’y a pas la moindre trace de marxisme dans toute approche de la notion de classe qui ne soit centré sur le conflit de classe…

Les marxistes ont pour tâche d’aider la classe ouvrière à prendre de plus en plus conscience de sa situation et des actions que cette situation nécessite. Cela signifie, au plus haut point, participer à la plus grande tâche de cette période historique: l’instauration de l’indépendance politique de la classe ouvrière. Telle est la fonction importante de la théorie et des instruments politiques et organisationnels fondés sur la théorie.

44. L’indépendance politique de la classe ouvrière ne peut être établie qu’en clarifiant les expériences cruciales du XXe siècle et des premières décennies du XXIe siècle. Cela signifie avant tout une compréhension du stalinisme et de ses trahisons contre-révolutionnaires des luttes révolutionnaires à travers le monde, culminant avec la dissolution de l’Union soviétique en 1991, et de la lutte du mouvement trotskyste pour préserver l’héritage théorique internationaliste du mouvement marxiste. Conscients que la crise du capitalisme pousse les jeunes à explorer cette histoire, les idéologues de la classe dirigeante et ses suppôts staliniens et pseudo de gauche se sont efforcés à discréditer préventivement le trotskysme à leurs yeux. Le CIQI a mené une défense sans relâche de Trotsky contre les biographies calomnieuses de Robert Service, Ian Thatcher et Geoffrey Swain. De nouvelles attaques ont maintenant été lancées par l’universitaire britannique John Kelly, ex-membre du Parti communiste de Grande-Bretagne, et par l’universitaire irlandais Aidan Beatty, qui est aligné sur les Socialistes démocrates d’Amérique. Ils concentrent leurs tirs sur la lutte du CIQI, en tant que mouvement trotskyste contemporain, pour mobiliser la classe ouvrière internationale pour la révolution socialiste mondiale.

45. Kelly, dans son ouvrage The Twilight of World Trotskyism, déclare: «Le scénario révolutionnaire mené par les trotskystes, qui n’a jamais été mis en œuvre nulle part malgré près d’un siècle d’efforts, se résume à une mauvaise orientation tragique et gaspilleuse de l’énergie politique et des ressources au détriment de la politique radicale sérieuse.» Il affirme que la «faiblesse et les échecs du trotskysme mondial» se ramènent à son insistance programmatique pour dire que «les réformes ne sont plus possibles: le choix est le socialisme ou la barbarie» ; ce qu’il qualifie de «simpliste et sans fondement » et de « conceptuellement naïf et empiriquement erroné». Cela est dit dans des conditions de crise économique, d’inégalités galopantes, d’escalade de la guerre, de menace de destruction planétaire, de victoire de Trump et de montée mondiale de l’extrême droite. Et ce sont les défenseurs de la «politique radicale sérieuse» que Kelly loue, Corbyn, Sanders et leurs associés, qui portent la responsabilité politique de cette situation.

46. Cette mission politique commune est clairement illustrée par le fait que Beatty conclut son ouvrage The Party is Always Right: The Untold Story of Gerry Healy and British Trotskyism, par une attaque contre le CIQI et le président du World Socialist Web Site, David North. North décrit la biographie calomnieuse de Beatty comme «une diatribe grossière contre le trotskysme et ses efforts historiques pour construire un parti révolutionnaire ancré dans la théorie marxiste et basé sur la classe ouvrière». Il explique: «Dans les conditions d’une crise mondiale qui s’intensifie et d’une radicalisation de la classe ouvrière et des étudiants, les élites dirigeantes – sensibles aux menaces émergentes contre leur pouvoir – craignent le regain d’intérêt pour le marxisme et la perspective d’une révolution socialiste mondiale».

47. Le SEP et l'IYSSE entreprendront la lutte contre Beatty, Kelly et toutes les tentatives visant à couper les étudiants et les jeunes des traditions révolutionnaires avec lesquelles ils doivent se familiariser. Cette offensive politique doit être le fer de lance d'un effort plus large visant à encourager l'épanouissement de la culture marxiste et du débat parmi les jeunes. Avec Mehring Books, le World Socialist Web Site est au centre de ce travail ; il donne une analyse marxiste quotidienne des événements mondiaux, met en pratique les leçons historiques et les conquêtes théoriques du mouvement socialiste dans la lutte des classes, donne une voix à la classe ouvrière internationale et mène une polémique soutenue contre la pseudo-gauche. Les organisations de la pseudo-gauche sont organiquement hostiles aux intérêts de la classe ouvrière. Elles remontent aux groupes qui ont rompu avec le trotskysme après la Seconde Guerre mondiale, capitulant devant le stalinisme, le nationalisme bourgeois et la social-démocratie, et servent de dernière ligne de défense du capitalisme en concentrant tous leurs efforts sur la subordination des travailleurs et des jeunes à la bureaucratie travailliste et syndicale et en s'opposant à la révolution en faveur d'une politique étrangère pacifique. La pseudo-gauche parle au nom d’une couche aisée de la classe moyenne dont le but est de faire avancer ses propres privilèges dans le monde universitaire, les échelons supérieurs du secteur public et la bureaucratie syndicale en échange de leur contrôle de la lutte des classes.

Non pas l’objectivisme mais la lutte révolutionnaire

48. Le parti révolutionnaire est l’élément décisif pour résoudre la crise actuelle. La situation à laquelle l’humanité est confrontée est grave, mais il existe une force sociale puissante qui peut offrir une voie vers l’avant: la classe ouvrière internationale. Le parti révolutionnaire est le mécanisme par lequel la classe ouvrière peut agir. En effet, sans comprendre l’impact transformateur de la lutte pour le socialisme menée par le parti révolutionnaire, la situation semblerait désespérée. Le SEP et le CIQI non seulement analysent la crise croissante de l’impérialisme mondial sous toutes ses formes complexes, contradictoires et interconnectées, mais interviennent pour modifier l’équilibre des forces en faveur de la classe ouvrière. Les marxistes s’efforcent de comprendre le monde non pas comme une sorte de contemplation objectiviste, mais de faire de cette connaissance la base de la pratique révolutionnaire du parti et de la classe ouvrière. Pour cette raison, la croissance du parti ne signifie pas juste une accumulation numérique de membres, mais la formation et le développement de cadres capables de comprendre et donc de résister aux pressions générées par une période de crise et de fournir une direction à la classe ouvrière alors qu’elle est contrainte à la lutte. «La croissance du mouvement de masse de la classe ouvrière impose des exigences toujours plus grandes aux membres du parti», explique David North dans son introduction à l’École d’été du SEP en 2023. «Pour relever ces défis, il faut accorder une plus grande attention à l’éducation des membres du parti. L’élément le plus important de cette éducation est d’accroître la connaissance et la compréhension par les cadres de l’histoire du mouvement trotskyste.»

49. L’histoire du CIQI est le condensé de la lutte pour l’internationalisme socialiste, qui s’étend sur plus d’un siècle depuis la fondation de l’Opposition de gauche par Léon Trotsky en 1923 pour lancer la lutte contre la trahison de la révolution d’Octobre 1917 par la bureaucratie stalinienne naissante. Elle englobe toutes les expériences stratégiques ultérieures de la classe ouvrière, notamment les leçons des grands bouleversements, défaites et trahisons révolutionnaires du XXe siècle. Au travers de sa lutte prolongée contre le pablisme et d’autres tendances nationalistes opportunistes qui cherchaient à liquider le mouvement trotskyste dans le camp du stalinisme et d’autres forces politiques hostiles – et de la défaite de cette pression dans ses rangs lors de la scission de 1985-1986 d’avec les renégats du Parti révolutionnaire des travailleurs – le CIQI a défendu la véritable perspective socialiste et internationaliste du trotskysme. C’est la seule base sur laquelle la classe ouvrière peut faire avancer ses intérêts contre la guerre, le fascisme, la dictature, la catastrophe économique et écologique.

50. Le travail du SEP se fonde sur la reconnaissance de ce que le CIQI a défini comme la cinquième phase de l'histoire du mouvement trotskyste. David North l’explique ainsi:

C’est à cette étape que le CIQI va connaître une croissance considérable en tant que Parti mondial de la révolution socialiste. Les processus objectifs de mondialisation économique, identifiés par le Comité international il y a plus de trente ans, ont connu un développement colossal. Conjugués à l’émergence de nouvelles technologies qui ont révolutionné les communications, ces processus ont internationalisé la lutte des classes à un degré qu’il aurait été difficile d’imaginer il y a seulement vingt-cinq ans. La lutte révolutionnaire de la classe ouvrière se développera comme un mouvement mondial interconnecté et unifié. Le Comité international de la Quatrième Internationale sera construit comme la direction politique consciente de ce processus socio-économique objectif. Il opposera à la politique capitaliste de la guerre impérialiste la stratégie de classe de la révolution socialiste mondiale. Telle est la tâche historique essentielle de la nouvelle étape de l’histoire de la Quatrième Internationale.

(Article paru en anglais le 13 décembre 2024)

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